Un militant suisse de Greenpeace, détenu en Russie sous l'accusation de piraterie, a affirmé dans une lettre publiée dimanche que la réaction de Moscou justifiait l'action de l'organisation écologiste en Arctique.

«Le comportement agressif et injuste du gouvernement russe et de Gazprom démontre combien il est important que les décisions concernant l'Arctique et son futur soient prises par la collectivité mondiale», a dit Marco Weber dans une lettre publiée par les journaux Sonntagszeitung et Le Matin Dimanche.

«Le 18 septembre, j'ai fait face au danger et au risque d'être emprisonné car je suis convaincu que nous avons le pouvoir de promouvoir le changement», a déclaré le militant dans cette lettre datée du 8 octobre et envoyée depuis sa prison de Mourmansk (nord-ouest).

Weber est l'une des 30 personnes -- 28 militants de l'organisation non-gouvernementale de défense de l'environnement et deux journalistes pigiste -- qui se trouvaient à bord de l'Arctic Sunrise, le navire de Greenpeace arraisonné fin septembre dans l'Arctique russe.

Des militants en canots pneumatiques avaient abordé une plateforme pétrolière russe et tenté de l'escalader, selon eux, pour y planter une banderole dénonçant les risques écologiques des forages pétroliers.

Les activistes, originaires de 18 pays, ont été inculpés de «piraterie en bande organisée» et maintenus en détention provisoire jusqu'à fin novembre.

Ceux-ci ont rejeté les accusations russes et affirmé que leur bateau avait été arraisonné illégalement dans les eaux internationales.

Weber est membre de l'équipe d'escalade de Greenpeace et également charpentier.

Dans sa lettre, il souligne qu'il est maintenu en isolement dans sa cellule, avec pas ou peu de contacts avec le monde extérieur, à l'exception de la visite hebdomadaire de son avocat et du consul de Suisse.

«Je n'ai ni livres, ni journaux, ni télévision, ni personne à qui parler. On m'isole aussi lors de la promenade quotidienne», a-t-il dit.

Manifestation pour la libération d'un photographe de Greenpeace en Russie

Des dizaines de journalistes russes ont manifesté dimanche à Saint-Pétersbourg pour exiger la libération du photographe Denis Siniakov, arrêté fin septembre avec des militants de Greenpeace pour une action contre une plateforme pétrolière en Arctique, et accusé de piraterie.

Les journalistes réunis dans cette deuxième ville de Russie (nord-ouest) brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Un photographe n'est pas un pirate» et «Qui est le suivant?».

«Nous voudrions montrer que nous soutenons notre collègue», a déclaré à l'AFP l'un des organisateurs de la manifestation, Alexandre Koriakov, éditeur photo au quotidien Kommersant.

«À la différence de l'Occident où la société vient soutenir des journalistes, dans notre pays, il n'y a personne pour les défendre», a-t-il ajouté.

Selon lui, environ 60 journalistes ont participé à cette manifestation.

Denis Siniakov, un photojournaliste pigiste, sous contrat avec Greenpeace, qui avait travaillé dans le passé pour l'AFP et Reuters, fait partie des 30 membres d'équipage du navire de Greenpeace Arctic Sunrise, qui ont été arrêtés en septembre et placés en détention pour deux mois à Mourmansk (nord-ouest).

L'Arctic Sunrise avait été arraisonné par un commando héliporté des gardes-côtes russes en mer de Barents (Arctique russe) après que des membres de l'équipage, à bord de canots pneumatiques, eurent abordé une plateforme pétrolière russe et tenté de l'escalader, selon eux, pour y installer une banderole dénonçant les risques écologiques.

Tout l'équipage du navire -- 28 militants de l'organisation non-gouvernementale de défense de l'environnement et deux journalistes indépendants, parmi lesquels 26 étrangers, a été inculpé de «piraterie en groupe organisé» et encourt 15 ans de prison.

Mercredi, le comité d'enquête russe a annoncé étudier de nouvelles inculpations pour «crimes graves» à l'encontre de l'équipage, affirmant notamment que des «produits stupéfiants» avaient été saisis à bord de l'Arctic Sunrise.

Les recours de plusieurs membres d'équipage, parmi lesquels celui de Denis Siniakov, pour leur incarcération ont déjà été rejetés par la justice russe. D'autres doivent être examinés au tribunal de Mourmansk dans les prochains jours.

La Russie a fait du développement de l'Arctique, une immense zone regorgeant de ressources en hydrocarbures qui n'a pour l'instant pas encore été exploitée, une priorité stratégique. Greenpeace dénonce des risques décuplés pour un écosystème particulièrement fragile.