Des recherches récemment publiées affirment que les changements climatiques ont déjà modifié les saisons de l'Arctique pour les faire ressembler davantage à celles des régions plus méridionales.

La toundra devient déjà davantage parsemée d'arbustes, mais les scientifiques auteurs de l'étude disent qu'il n'y a aucune façon de prévoir ce qui arrivera alors que les changements continuent.

Ranga Myneni de l'Université de Boston, co-auteur de l'étude publiée dimanche dans la revue scientifique Nature Climate Change, a qualifié ce qu'il se passait «d'expérience étrange».

On sait depuis longtemps que le changement avance plus vite dans l'Arctique qu'ailleurs, environ deux fois la moyenne globale.

M. Myneni, qui figure parmi un groupe international de scientifiques derrière l'étude, a observé comment le réchauffement se passait. Lui et ses cochercheurs ont déterminé que les différences entre les saisons étaient le plus affectées par les changements.

La quantité de changement de température au gré des saisons dépend de la latitude, a expliqué M. Myneni.

«Dans une année donnée, on commence avec la ligne horizontale qui est le profil de température des régions équatoriales. Graduellement, on construit une forme de cloche en s'en allant vers le nord», a-t-il indiqué.

Mais la plupart du réchauffement en Arctique survient en hiver, avec moins de réchauffement au printemps et à l'automne et le moins de réchauffement survenant en été.

«Si les hivers se réchauffent davantage, et les saisons de transition un peu plus, on en vient en fait à aplatir la forme de cloche», a-t-il dit.

L'effet, a expliqué le scientifique, est que le changement climatique donne à l'Arctique le profil de température du sud.

À l'aide de données satellites, l'équipe a déterminé que les changements qui étaient déjà survenus équivalaient à environ cinq degrés de latitude. Ils ont fait la moyenne de 17 modèles climatiques différents pour suggérer qu'à la fin de siècle, l'île de Victoria allait avoir le même profil de température que le Wyoming.

L'effet que cela aura sur les plantes et animaux du nord est inconnu, a indiqué M. Myneni. Mais déjà, des arbres poussent plus au nord.

Le chercheur a souligné que des températures plus clémentes ne se traduisaient pas par plus de luminosité. Elles n'amélioreront pas non plus les sols arctiques et ne préviendront pas le permafrost fondant de déstabiliser le sol.

Il est également trop tôt pour deviner qu'est-ce qui va pousser dans le nord ou comment cela va affecter les animaux associés.

Le scientifique a expliqué que l'Arctique était un festin deux mois et demi par année, et que des animaux et des oiseaux allaient vers le nord pour en profiter. Par contre, une fois que les saisons sont changées, tout le système alimentaire y est rattaché et il est difficile de prévoir ce que les 90 prochaines années nous réservent au chapitre de la biologie.