Même si l'économie est le premier souci des Canadiens, l'environnement continue de figurer haut dans leurs priorités, selon un sondage réalisé pour le compte d'Environnement Canada, dont La Presse a obtenu les résultats grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Si on pose la question sans suggérer de réponse, l'environnement arrive au troisième rang quand on demande quel enjeu «devrait recevoir le plus d'attention de la part du gouvernement du Canada».

C'est après l'économie et les soins de santé, mais devant l'emploi, l'éducation, la criminalité ou la dette. Au Québec, l'environnement arrive même au premier rang des priorités.

Et parmi les enjeux environnementaux, spontanément, c'est le climat qui arrive au premier rang, et de loin. Au deuxième rang? Les sables bitumineux, avant la pollution de l'air et la pollution de l'eau, ex aequo au troisième rang.

Cependant, le quart des répondants n'a pu mentionner spontanément un seul enjeu environnemental qui devrait «recevoir le plus d'attention de la part du gouvernement du Canada».

Si on suggère des réponses parmi les enjeux environnementaux, la qualité de l'eau potable et l'état des lacs et des rivières dépassent les changements climatiques au premier rang.

Les Canadiens semblent juger sévèrement la performance du gouvernement fédéral en matière environnementale.

Il faut dire que le sondage a été réalisé du 11 au 18 juin dernier, au moment même où le gouvernement Harper faisait adopter au Parlement le projet de loi C-38 sur le budget, qui éliminait des pans entiers de réglementation environnementale et consacrait des coupes dans des laboratoires fédéraux de surveillance de l'environnement.

Seulement 18% des répondants sont d'accord ou fortement d'accord pour dire que «le gouvernement du Canada établit un juste équilibre entre régler les problèmes environnementaux et les priorités économiques». Ils sont 27% à exprimer leur désaccord avec cet énoncé.

Cependant, pour 34% des répondants, «le Canada devrait continuer d'aligner ses politiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur celles des États-Unis». Cette politique fondamentale du gouvernement Harper suscite 21% d'opposition.

Résultat peu surprenant: l'idée d'une «taxe carbone» qui entraînerait «une augmentation du prix de plusieurs choses comme le pétrole, le gaz et le panier d'épicerie pour les consommateurs» suscite deux fois plus d'opposition que d'appuis. Notons que la taxe carbone de la Colombie-Britannique, la seule en vigueur au pays, a été conçue pour avoir un effet neutre sur les revenus des ménages. Et elle est plus populaire que jamais: 64% des citoyens de cette province l'appuient, selon une enquête Environics réalisée par le gouvernement provincial.

Pipeline

Le sondage fédéral contient une question qui relève de la politique industrielle plus que des mesures environnementales et qui a tout à voir avec le projet de pipeline Northern Gateway, prioritaire pour le gouvernement Harper.

C'est notamment pour faciliter ce projet que la Loi sur les pêches a été modifiée, afin de le soustraire à une évaluation plus serrée de son impact sur les cours d'eau.

Informés du fait que «le Canada exporte la presque totalité du pétrole et du gaz qu'il produit vers un seul pays, les États-Unis», 49% des répondants ont jugé «important» que «l'économie canadienne s'ouvre à d'autres marchés mondiaux, comme l'Asie, pour ses exportations pétrolières et gazières». Seulement 14% ont indiqué que cela n'était pas important.

La réponse à la dernière question donne peut-être un reflet plus fidèle de l'opinion générale sur ces enjeux. Près de 50% des répondants sont d'accord pour «agrandir les infrastructures portuaires, routières et ferroviaires ainsi que les pipelines... même si cela engendre un certain impact sur l'environnement».

Mais plus de 42% estiment au contraire que «l'impact environnemental associé et le risque d'accident sont trop grands, ce qui signifie qu'on ne devrait pas mettre en oeuvre ces projets, même si cela entraîne une perte d'emplois et de croissance économique».

Méthodologie

Le sondage a été réalisé par téléphone par la firme Ipsos Reid auprès de 2010 personnes du 11 au 18 juin. La marge d'erreur est de 2,2% pour l'ensemble de l'échantillon, mais elle plus élevée pour les sous-échantillons. Les résultats pour le Québec comportent une marge d'erreur de 4,6%. Ce sondage a coûté 47 082$.

- Avec William Leclerc