Électrification des transports, Gentilly-2, amiante et gaz de schiste, les enjeux environnementaux ont fait quelques incursions dans la campagne électorale.

Avec la note de passage «verte» que lui ont attribuée les groupes environnementalistes et son contingent d'ex-militants ministrables, le Parti québécois (PQ) suscite les espoirs des écologistes, peut-être comme aucun gouvernement avant lui au Québec.

Mais, en position minoritaire, que pourra accomplir le gouvernement de Pauline Marois?

«On veut réaliser tout ce qu'il y a dans notre plateforme et on s'attend à avoir la coopération de certains députés de l'opposition», dit Scott McKay, député de Repentigny et ancien chef du Parti vert.

«Le Parti québécois ira aussi loin que le permettra l'opposition», croit Martine Ouellet, députée de Vachon et ancienne présidente de la Coalition eau secours.

Ingénieure, Mme Ouellet a été cadre à Hydro-Québec, où elle a notamment été responsable des programmes d'efficacité énergétique dans la grande entreprise.

«On veut présenter une nouvelle politique énergétique, après une consultation, explique-t-elle. Et il est clair, pour le PQ, que les efforts doivent être faits d'abord en économie d'énergie et ensuite dans les énergies vertes.»

Selon M. McKay, le PQ et la Coalition avenir Québec (CAQ) devraient pouvoir s'entendre sur le dossier du gaz de schiste. «La CAQ s'est prononcée pour un moratoire sur les gaz de schiste, rappelle-t-il. Et c'est un engagement ferme de notre part.»

Au sujet de l'avenir de la centrale nucléaire Gentilly-2, le PQ n'a pas d'appui dans l'opposition pour son projet de mise au rancart, sauf du côté de Québec solidaire. La CAQ et le Parti libéral du Québec sont pour sa réfection.

Mais ce dossier peut être réglé par une décision du gouvernement, bien qu'elle ait des impacts budgétaires, dit M. McKay. «Quelque 850 millions ont déjà été dépensés pour la réfection, explique-t-il. Par exemple, on a commandé des équipements dont le délai de livraison est long. Il va falloir annuler des commandes ou revendre certains équipements. Hydro-Québec devra nous faire un rapport très détaillé.»

Le gisement Old Harry

L'exploitation des hydrocarbures ne manquera pas d'atterrir rapidement sur la table du futur Conseil des ministres, avec le gisement potentiel Old Harry, à la limite des eaux du Québec et de Terre-Neuve, et les ressources pétrolières possibles dans l'île d'Anticosti.

Rappelons que tout l'est du Québec a élu des députés péquistes. La nouvelle députée des Îles-de-la-Madeleine, Jeannine Richard, estime que la population locale doit avoir «le choix de donner ou non le droit de passage aux forages pétroliers et gaziers».

«Le critère qu'on a choisi, c'est l'acceptabilité sociale, mentionne M. McKay. Et ça demande plus que de la simple consultation.»

«Pour les hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent, il y a une étude environnementale en cours, indique Mme Ouellet. Il faut voir le résultat. Et pour Old Harry, c'est à la frontière de Terre-Neuve. Si on prend tout notre temps et que Terre-Neuve exploite, on va en subir les conséquences de toute manière.»

«Ce qu'on a dit sur l'île d'Anticosti, poursuit Mme Ouellet, c'est qu'il faut un rapport du BAPE, et on aura un choix de société à faire en toute connaissance de cause. Il y a aussi la question des ententes sur la cession des permis. On avait annoncé que le Vérificateur général devrait se pencher là-dessus.»

Mme Ouellet rappelle que le PQ vise une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2020 par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto. L'atteinte de cet objectif ambitieux passee, entre autres, par l'électrification des transports.

Dans un autre dossier épineux, celui de l'amiante, le PQ a clarifié sa position dans la dernière ligne droite de la campagne, le 29 août, quand Mme Marois a affirmé qu'elle voulait bannir l'amiante et que le prêt de 58 millions consenti pour la relance de la mine Jeffrey serait annulé.

«Ce n'est pas judicieux d'investir de l'argent public dans une industrie qui est sous respirateur artificiel, explique Mme Ouellet. On croit beaucoup plus à la diversification économique de la région.»

Daniel Breton, autre vert de la nouvelle équipe péquiste, n'a pas voulu s'entretenir avec La Presse cette semaine. Le nouveau député de Sainte-Marie-Saint-Jacques était accaparé par les conséquences de l'attentat contre Mme Marois, qui a eu lieu dans sa circonscription.

M. Breton a été l'un des chefs de la charge contre le projet de centrale thermique du Suroît, un des dossiers les plus douloureux du gouvernement Charest. Plus récemment, il animait le mouvement Maîtres chez nous-XXIe siècle, qu'il a fondé autour de l'idée de l'indépendance énergétique du Québec.