Les nappes phréatiques du monde sont exploitées 3,5 fois plus rapidement qu'elles ne se régénèrent, selon une nouvelle étude réalisée en partie par un chercheur montréalais. La surexploitation touche essentiellement un petit groupe d'une quinzaine d'aquifères, mais aucun ne se trouve au Canada.

En excluant ces 15 aquifères, qui forment 11% des eaux souterraines du monde, les nappes phréatiques sont essentiellement en équilibre. L'aquifère le plus exploité est celui du sud de la mer Caspienne, en Iran, dont on tire 100 fois trop d'eau. Les aquifères de l'Inde sont de 18 à 54 fois trop exploités, ceux de la péninsule arabe de 40 à 50 fois et celui du delta du Nil, en Égypte, 32 fois.

«J'ai voulu appliquer aux grands aquifères la notion d'empreinte écologique», explique l'hydrogéologue Tom Gleeson, de l'Université McGill, auteur principal de l'étude parue dans la revue Nature. «J'ai été frappé par le niveau de surexploitation en Inde, en Chine, dans le sud-ouest des États-Unis, en Iran, en Arabie saoudite et au Mexique. Essentiellement, c'est l'agriculture qui est en cause. J'ai aussi été surpris de constater à quel point les autres aquifères sont relativement en santé.»

Le chercheur montréalais, qui a étudié à l'Université de la Colombie-Britannique au moment où le principe d'empreinte écologique y était inventé, dans les années 90, a exclu les petits aquifères de l'équation - cela explique pourquoi un seul aquifère de l'étude se trouve au Canada, dans l'Ouest. De plus, il n'a pas tenu compte de la consommation d'eau de surface.

«Il faudra faire une autre étude sur le sujet. Tout ce que je peux dire, c'est que 90% de l'eau utilisée sur la planète l'est par l'agriculture, et que 40% de l'eau utilisée en agriculture provient des aquifères.»

Cela signifie-t-il qu'il ne sert à rien d'économiser l'eau dans une ville comme Montréal? «Je ne peux pas dire ça», dit M. Gleeson en riant. «On peut faire valoir que même s'il ne sert à rien d'économiser l'eau pour ce qui est de sa quantité, on peut le faire pour en préserver la qualité. Le traitement de l'eau diminue sa qualité.»

Améliorer l'irrigation

La solution à la surexploitation des nappes phréatiques dans les pays du tiers-monde réside dans l'amélioration des techniques d'irrigation. Il faudrait aussi que la consommation de viande dans ces pays cesse d'augmenter.

Certains écologistes proposent que les pays occidentaux diminuent également leur consommation de viande, pour donner l'exemple. «Comme Occidental, diminuer la consommation de viande permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre, mais pas d'aider les aquifères de l'Inde et de l'Arabie, dit M. Gleeson. Mais personnellement, comme hydrogéologue, j'essaie autant que possible d'en consommer le moins possible.»