Les États-Unis ont assuré mercredi qu'ils soutenaient toujours l'objectif de contenir à 2°C maximum la hausse de la température depuis l'époque pré-industrielle face aux critiques redoutant un recul de Washington par rapport à cet objectif.

«Les États-Unis continuent de soutenir cet objectif, nous n'avons pas changé de politique», a affirmé l'émissaire américain sur le climat, Todd Stern, tout en défendant une «approche plus flexible» afin d'éviter un blocage dans les discussions internationales sur le climat.

L'Union européenne a rappelé l'importance de respecter cet objectif international alors que les petits États insulaires, les plus vulnérables face au changement climatique, dénoncent un recul de Washington.

Les négociations menées sous l'égide de l'ONU ont adopté en 2010 cet objectif de limitation du réchauffement à +2°C, seuil qui doit permettre selon la science d'éviter les conséquences les plus graves du changement climatique.

Les engagements actuels de réduction des émissions de CO2 mettent davantage le monde sur une trajectoire de +3 à +4°C, selon des études récentes, sachant que la température a déjà augmenté de près d'un degré depuis le XIXe siècle.

Dans une conférence dans une université américaine, le 2 août, M. Stern avait plaidé pour davantage de «flexibilité» dans l'élaboration d'un nouvel accord global sur le climat. «Ce type d'accord flexible, évolutif ne garantit pas que nous respecterons l'objectif de 2°C, mais insister sur un cadre qui garantirait un tel objectif nous conduira seulement à une impasse», avait-il déclaré, selon une retranscription mise en ligne sur le site du département d'Etat américain.

Dans sa précision diffusée mercredi, l'émissaire américain estime qu'une «approche plus flexible nous donnera une meilleure chance de conclure un nouvel accord efficace et atteindre l'objectif que nous partageons tous».

«Les leaders mondiaux ont promis à Copenhague (en 2009) de contenir le réchauffement sous les 2°C. Ce qu'ils ont promis doit être respecté», a-t-on fait valoir du côté de la Commission européenne.

«La science continue de nous rappeler les terribles conséquences si nous allons au-delà d'une telle augmentation de température», a indiqué Isaac Valero-Ladron, porte-parole de la commissaire européenne pour le climat.

Pour l'Alliance des petits États insulaires (Aosis), les propos de l'émissaire américain sont «particulièrement perturbants en intervenant ainsi au cours de l'une des pires sécheresses de l'histoire du pays».

«Si les États-Unis sont prêts à abandonner leurs propres agriculteurs, comment pouvons-nous croire qu'ils feront le nécessaire pour sauver les petites îles de la montée des océans et d'autres conséquences désastreuses?», s'est émue Marlene Moses, présidente de l'Aosis, dans une déclaration à l'AFP.

Le groupe des pays africains a également jugé «préoccupant» que les États-Unis «mettent en question l'objectif global pour lequel ils ont fait pression et ont donné leur accord à plusieurs reprises».

«C'est encore plus décevant que, en clarifiant sa position, l'administration Obama ait dit qu'elle soutenait l'objectif mais pas une approche qui garantirait qu'on l'atteigne», a regretté le porte-parole du groupe, Seyni Nafo.

Des ONG spécialisées dans le développement ont également condamné les propos de M. Stern en décernant aux États-Unis une «médaille d'or de l'hypocrisie».