Le gouvernement Harper n'a pas l'intention d'imiter les États-Unis, qui ont adopté des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) - et ce, même s'il s'est engagé à harmoniser ses politiques climatiques avec celles des Américains.

La nouvelle réglementation américaine, qui entrera en vigueur en janvier, vise à réduire les émissions provenant des gros pollueurs industriels comme les raffineries et les cimenteries. Avant les élections de mi-mandat, Washington avait échoué dans sa tentative de faire adopter son projet de loi portant sur un système de plafonnement et d'échange des émissions de carbone.

Selon des experts canadiens, des normes similaires au pays pourraient permettre de réduire la pollution provenant de son industrie lourde, notamment celle des sables bitumineux.

Toutefois, le tout nouveau ministre de l'Environnement, John Baird, a qualifié de «rafistolage» le programme de l'agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA).

«C'est quelque chose de très, très préliminaire sur l'efficacité énergétique», a déclaré M. Baird, qui a été informé des nouvelles règles américaines par La Presse Canadienne.

«Nous nous pencherions très sérieusement sur la possibilité d'adopter les standards nationaux des États-Unis portant sur l'efficacité énergétique rendue possible grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre - à moins que nous ne fassions mieux au Canada.»

En vertu des nouvelles règles de l'EPA, les industries basées aux États-Unis devront se plier à des exigences plus sévères avant d'obtenir des permis.

Dans un premier temps, la réglementation sera resserrée pour les installations qui prévoient un agrandissement qui aurait un impact à la hausse sur ses émissions. Par la suite, en juillet, les règles seront appliquées à toutes les nouvelles installations. Cette réglementation vise tout particulièrement les sources fixes, qui génèrent près de 70 pour cent du total des émissions de GES des États-Unis.

Si les nouvelles règles sont certes moins contraignantes qu'un système de plafonnement et d'échange des émissions, elles pourraient tout de même aider à freiner les émissions provenant de l'industrie des sables bitumineux, invoque la directrice adjointe de l'Institut Pembina.

«C'est la source de la majorité des émissions grandissantes de gaz à effet de serre au Canada», a affirmé Clare Demers, qui oeuvre au sein de cette organisation canadienne qui fait la promotion du développement durable.

«Au Canada, nous aimerions certainement quelque chose qui serait appliqué à l'ensemble des activités économiques, mais il y a un urgent besoin de commencer à contrôler les émissions de l'industrie des sables bitumineux.»

M. Baird a soutenu que le Canada allait plus loin que les Américains à certains chapitres environnementaux, citant notamment l'intention du gouvernement d'éliminer les centrales thermiques utilisant du charbon.

Mais le ministre - qui a réitéré un peu plus tôt cette année que le Canada souhaitait aligner ses politiques environnementales sur celles des États-Unis - estime que cette réglementation doit être peaufinée avant d'être adoptée au Canada.