N'importe qui peut baptiser une dépression ou un anticyclone en Europe, s'il accepte d'en payer le prix. Certains «parrains», comme celui de la tempête Xynthia qui a dévasté la France sont parfois surpris quand le nom qu'ils ont choisi est attribué à une tempête dévastatrice.

L'Université libre de Berlin (FU), qui détient depuis plus d'un demi-siècle cet apanage exclusif, propose depuis 2002 au grand public de parrainer des phénomènes atmosphériques pour financer le service d'observation de son Institut de météorologie.

«Je ne pouvais pas savoir que ce nom serait donné à une tempête aussi terrible», a déclaré à l'AFP Wolfgang Schütte, un retraité allemand de 58 ans, qui avait proposé fin 2009 le prénom Xynthia dans le cadre d'un concours lancé par un site Internet météorologique.

«J'aurais préféré qu'il soit éventuellement cité une fois dans un bulletin météo puis vite oublié», a-t-il regretté.

Cette année, ce sont les zones de basse pression qui portent des noms féminins, et les anticyclones des noms masculins, selon la règle d'alternance annuelle en vigueur. Car à Berlin, toutes les zones de basse ou haute pression susceptibles d'influencer le temps en Europe sont baptisées dès qu'elles apparaissent sur la carte de l'Institut de météorologie de la FU, qui fonctionne 24 heures sur 24.

«Les noms sont attribués par ordre alphabétique. Avec environ 50 à 60 anticyclones et 130 dépressions notables par an, on fait plusieurs fois le tour de l'alphabet», explique Katrin Krüger, une étudiante en météorologie qui gère ce programme de parrainages.

En 1954, l'Université libre de Berlin avait été la première à baptiser les phénomènes atmosphériques sur l'Atlantique ouest, pour faciliter leur suivi sur la carte météorologique.

Elle a obtenu pour cela une accréditation de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et propose aujourd'hui leurs noms à la vente: 199 euros pour une dépression, et 299 pour un anticyclone, plus rare. Ce qui lui rapporte quelque 35 000 euros par an.

«Pour Xynthia, je n'ai rien payé, il s'agissait dans mon cas d'un tirage au sort», a souligné M. Schütte, ajoutant qu'il ne se risquerait plus à proposer de nom pour une dépression atmosphérique.

Après chaque tempête violente, l'Institut de météorologie de la capitale allemande reçoit un afflux de demandes de parrainages, a toutefois précisé Mme Krüger. Ce sont «essentiellement des Allemands ou des germanophones qui participent à ce programme», mais au total plus de 1 000 personnes de 13 pays européens ainsi que du Japon et des États-Unis y ont déjà contribué.

Le nom des parrains est accessible sur le site Internet de l'institut, qui indique par exemple que c'est un certain Klaus Schümann qui avait payé pour donner son prénom à la tempête qui avait frappé le sud-ouest de la France en janvier 2009.

En revanche, les tempêtes tropicales répondent quant à elles à une classification différente selon les bassins (Atlantique, Pacifique, Indien...). Les ouragans et typhons sont ainsi baptisés par les météorologues américains à partir d'une certaine force, comme Katrina qui avait déferlé sur la Louisiane en 2005.