Des biocarburants de deuxième génération peuvent être produits sans recours à des procédés chimiques en utilisant la bactérie Escherichia coli, un micro-organisme facile à modifier génétiquement, rapporte mercredi une équipe de chercheurs dans la revue Nature.

Contrairement aux biocarburants de première génération, ceux de deuxième génération utilisent des matières organiques qui ne peuvent pas servir à l'alimentation, comme le bois ou les déchets végétaux. Le recours à la bactérie Escherichia coli pour fabriquer du biodiesel n'est pas nouveau, mais les solutions mises en oeuvre précédemment exigeaient l'ajout d'acides gras, alors que «nous avons transformé E. coli pour qu'elle produise directement des esters éthyliques à partir de glucose ou d'éthanols», affirment les auteurs de l'étude.

«Nous avons incorporé les gènes permettant une production directe de biodiesels. C'est important parce qu'aucune chimie additionnelle n'est nécessaire pour produire un carburant», a expliqué à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Jay Keasling de l'université de Berkeley en Californie.

De plus, «une fois modifiée, E. coli sécrète le biodiesel directement à partir de la cellule. Il n'est plus nécessaire de casser les cellules pour en extraire le diesel. Cela engendre de substantielles économies durant la fabrication» du carburant, a précisé le scientifique.

Les chercheurs ont de plus fait sécréter à la bactérie des enzymes permettant de dégrader l'hémicellulose, l'une des composantes du bois, en la décomposant en sucres de base.

«L'importance de ce développement est que l'organisme (la bactérie) peut produire le carburant à partir de la biomasse cellulosique qui constitue une source de sucre très bon marché», explique encore M. Keasling.

Le biodiesel produit par E. coli a de plus l'avantage de se comporter comme de l'huile en ne se mélangeant pas à l'eau.

Enfin, au prix de quelques manipulations génétiques, la bactérie peut être amenée à fabriquer des alcools gras ou des cires, se félicitent les chercheurs.

«Nous espérons que ces développements vont déboucher sur de vrais produits d'ici un à deux ans», déclare Jay Keasling dont l'équipe collabore avec la société LS9, basée à San Francisco.