Maîtriser voire freiner la croissance démographique permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre, estime un rapport des Nations unies publié mercredi, soulignant que les femmes ont un rôle clé dans la lutte contre le réchauffement.

Les accords internationaux sur le climat auraient «une meilleure chance de réussir» s'ils prenaient en considération «la dynamique de la population, les relations entre les sexes et le bien-être des femmes», souligne ce rapport publié à 20 jours du sommet de l'ONU à Copenhague.

«C'est vraiment la première fois qu'une agence des Nations unies se penche sur les liens entre population et changement climatique», a déclaré à l'AFP Bob Engelman, co-auteur du rapport et vice président des programmes du Worldwatch Institute.

Le changement climatique «c'est aussi un problème de dynamique démographique, de pauvreté et d'équité entre les sexes», estime dans ce rapport Thoraya Ahmed Obaid, directrice exécutive du Fonds des nations unies pour la population (UNFPA).

Le planning familial, qui permettrait aux femmes de contrôler les naissances, figure parmi les moyens «d'influer sur l'évolution future des changements climatiques», indique ce rapport sur «les femmes, la population et le climat».

Le ralentissement de la croissance démographique contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, permettrait d'atténuer les pénuries d'eau, de freiner la déforestation, la surpêche et l'érosion de la biodiversité.

Mais «si les femmes ont le pouvoir de se mobiliser contre les changements climatiques», estime Mme Obaid, «ce potentiel ne peut se concrétiser qu'à travers des politiques qui leur confèrent l'autonomie».

Dans de nombreux pays, les femmes représentent la plus grande part de la main d'oeuvre agricole et ont un moindre accès que les hommes aux possibilités de gagner un revenu.

Elles sont directement exposées à subir les effets de l'érosion des sols, de la désertification, des sécheresses, des pénuries d'eau, des inondations.

Lors du tsunami de 2004, beaucoup de femmes ont péri parce qu'elles se trouvaient dans leur maison ignorant la vague fatale, tandis que sa crête soulevait les bateaux des pêcheurs, leurs maris qui ont survécu.

Les femmes se sont noyées, alourdies par leurs saris, ou tout simplement parce qu'elles n'avaient jamais appris à nager bien qu'elles vivent au bord de l'eau, ou à grimper aux arbres.

L'émigration est d'abord le fait des hommes, les femmes étant généralement laissées sur place avec les enfants et les personnes âgées.

Et quand elles sont déplacées ou réfugiées, elles sont exposées à la violence sexuelle et à la traite des humains, indique l'UNFPA, estimant que le nombre de réfugiés climatiques pourrait atteindre 200 millions d'ici 2050.

«Parce qu'elles sont plus pauvres, qu'elles ont un moindre contrôle sur leur propre existence, que leur productivité économique est moins reconnue et qu'elles supportent de loin la plus lourde charge dans la procréation et dans l'éducation des enfants, les femmes affrontent des défis additionnels en matière de changements climatiques», résume le rapport.

Au delà de la question de la régulation des naissances, les femmes qui travaillent aux champs pourraient avoir un rôle actif dans l'adaptation au changement climatique, en développant des cultures résistantes aux inondations et aux sécheresses, en protégeant les ressources en eau.

Le rapport suggère le développement d'instruments financiers afin d'encourager de telles pratiques, soulignant que «les agricultrices pourraient se trouver à l'avant-garde des efforts visant à atténuer ces concentrations de gaz à effet de serre».