Une centaine de jeunes militants écologistes ont perturbé la période des questions aux Communes, lundi, en orchestrant une bruyante manifestation dans la tribune réservée au public pour appeler les députés à agir dans le dossier des changements climatiques.

Le président de la Chambre, Peter Milliken, a dû suspendre brièvement la séance alors que les chants et les cris des militants résonnaient dans la salle.

Les membres de la Coalition canadienne des jeunes pour le climat (CCJC) souhaitent qu'un projet de loi du Nouveau Parti démocratique (NPD), qui fixe des cibles de réductions de gaz à effet de serre, soit adopté le plus tôt possible aux Communes.

«Jusqu'à maintenant, la Chambre ne fonctionne pas et n'écoute pas la volonté des Canadiens, et particulièrement des jeunes Canadiens. La manifestation éclair d'aujourd'hui en faveur d'un avenir d'énergie propre n'est qu'une des manières d'attirer l'attention des libéraux et des conservateurs», a expliqué Joe Cressy, un membre de la CCJC, qui réunit des groupes environnementaux et de justice sociale.

La semaine dernière, les libéraux ont appuyé une motion des conservateurs, qui demandaient que le projet de loi C-311 soit étudié plus longuement en comité parlementaire. La mesure devra donc passer encore 30 jours ouvrables devant le comité, soit jusqu'au 9 décembre, deux jours après le début de la conférence de Copenhague.

«On veut que le gouvernement, la presse et tout le monde voient qu'il y a des gens qui s'en fichent de l'avenir et de ce qui se passe avec les changements climatiques. Et que ces politiciens disent qu'ils représentent nos intérêts, mais ils ne font rien», a fait valoir une autre manifestante, Rosalind Sadowski, à l'issue du rassemblement.

Se levant d'abord un à un, puis scandant tous en coeur «C-311, Signez-le», les manifestants ont donné du fil à retordre à la dizaine de gardes de sécurité de la Chambre des communes, qui a dû les rassembler dans les couloirs du Parlement le temps de calmer les esprits.

Quatre ou cinq jeunes auraient été arrêtés, selon Joe Cressy. Du côté du Sierra Club Canada, le directeur général de l'organisme, Stephen Hazell, a précisé que cinq jeunes s'étaient vu remettre des contraventions pour être entrés sans autorisation et pour avoir refusé de quitter les lieux.

L'un des manifestants, qui se faisait traîner de force le long d'un couloir, a crié qu'il «y avait du sang sur le sol».

Les partis d'opposition sont restés prudents, à leur sortie des Communes, affirmant comprendre les inquiétudes des militants, mais refusant d'endosser leur manière de faire.

«Evidemment les jeunes ont probablement plus d'inquiétudes que peut-être les autres, parce qu'ils doivent vivre avec les changements climatiques plus longtemps que nous. Je partage leurs inquiétudes, mais ce n'est pas l'approche que nous utilisons nous-mêmes», a simplement commenté le chef du NPD, Jack Layton, dont les jeunes étaient venus défendre le projet de loi.

Le porte-parole du Parti libéral en matière d'environnement, David McGuinty, a pour sa part rejeté le blâme sur les conservateurs.

«Nous ne sommes pas au gouvernement. Si les jeunes veulent effectuer un changement dans les prochaines élections, qu'ils votent libéral», a-t-il répliqué.

Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, s'est pour sa part dit «entièrement d'accord» pour affirmer que les conservateurs et les libéraux n'en font pas assez en matière de changements climatiques.

À l'extérieur du Parlement, plusieurs dizaines de manifestants étaient également rassemblés pour dénoncer l'immobilisme des partis conservateurs et libéraux en matière de changements climatiques, à un mois du sommet des Nations unies à Copenhague.

La CCJC avait réservé 150 places dans la tribune du public, selon un garde de sécurité du Parlement. Au bureau du président de la Chambre, on a cependant indiqué qu'environ 120 jeunes avaient participé au rassemblement.

Les protestataires ont par ailleurs laissé savoir qu'ils organiseraient des manifestations éclairs tous les lundis, d'ici la réunion de Copenhague.