Les bouteilles d'eau seront bientôt à classer sur la liste des objets menacés de disparition dans les édifices municipaux. Les maires du Canada ont formellement pris l'engagement, hier, de réduire le plus possible leur consommation d'eau qui ne vient pas directement de leur réseau.

La Fédération canadienne des municipalités (FCM) a adopté, à l'issue de son congrès annuel, une résolution qui encourage ses 1775 membres à cesser graduellement d'acheter et de vendre de l'eau embouteillée dans toutes leurs installations, lorsque l'eau potable est accessible.

 

Jean Perrault, président de la FCM et maire de Sherbrooke, estime que le changement est majeur. «Avant, c'était systématique: quand quelqu'un entrait dans mon bureau, je lui proposais toujours une bouteille d'eau. C'est fini!» dit-il.

Fini aussi les bouteilles d'eau gratuites pour les fonctionnaires, celles que l'on distribue aux réunions du conseil municipal, etc. À l'avenir, des carafes trôneront sur les tables et l'on étanchera sa soif en posant ses lèvres sur le bord d'un verre, plutôt que sur un goulot de plastique. Les maires devront aussi favoriser l'ajout de fontaines et de systèmes de réfrigération, explique le maire Perrault.

La FCM n'est toutefois pas allée jusqu'à bannir complètement les bouteilles d'eau des édifices municipaux, une hypothèse qui avait pourtant été évoquée au cours des derniers jours.

Selon Jean Perrault, la FCM n'avait pas le pouvoir d'être aussi mordante puisque la réglementation de l'eau embouteillée destinée à la consommation publique est de compétence provinciale et fédérale. Plusieurs municipalités canadiennes, dont Toronto, ont toutefois entrepris des démarches en ce sens.

«Il peut y avoir des effets pervers, réplique le maire Perrault. Si l'on retire l'eau des machines distributrices mais qu'on y laisse les boissons gazeuses, les gens vont tout simplement acheter autre chose. Le même nombre de bouteilles sera consommé, au final.»

Par cette mesure, la FCM entend donner l'exemple et créer un effet d'entraînement dans le plus d'entreprises et d'organismes possible: «Ces habitudes vont aussi être prises à la maison.»

Un an, un milliard de bouteilles

La présidente de l'organisme Eau Secours!, Martine Ouellet, s'est réjouie de cette annonce. «Il n'y a aucune raison d'acheter de l'eau en bouteille au Québec, à 2000 fois le prix coûtant de l'eau du robinet et dans des contenants qui prennent un temps fou à se dégrader, dit-elle. Évidemment, l'idéal aurait été d'aller jusqu'à les bannir, mais les changements ne se font pas du jour au lendemain et on vient de faire un pas dans la bonne direction.»

La FCM ignore combien de bouteilles pourraient être ainsi économisées. Selon RECYC-QUÉBEC, il s'est consommé en 2008 plus d'un milliard de bouteilles d'eau en plastique au Québec seulement, dont à peine 44% ont été recyclées. Le président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Robert Coulombe, croit ainsi que cette nouvelle politique permettra aux villes de faire des économies substantielles en réduisant le nombre de bouteilles envoyées dans les sites d'enfouissement.

Le maire Coulombe croit toutefois que les municipalités ne peuvent s'attaquer seules au fléau et demande à Québec d'étendre la consigne à toutes les bouteilles d'eau.