(Washington) Laisser le champ libre aux États qui interdisent l’avortement, déployer l’armée pour expulser les immigrants, conditionner le soutien militaire aux alliés de l’Amérique : Donald Trump esquisse les contours de ce que serait un second mandat, dans un long papier publié mardi par Time.

L’ancien président républicain, candidat à l’élection de novembre contre Joe Biden, a été interrogé au cours de deux entretiens, l’un en personne et l’autre au téléphone, sur ce qu’il ferait en cas de victoire en novembre, y compris en matière d’avortement, un thème important de la campagne.

Le magnat de 77 ans, actuellement en procès à New York à la suite de l’une des nombreuses enquêtes ouvertes contre lui, botte en touche lorsque le journaliste lui demande s’il opposerait son veto à une loi fédérale restreignant très sévèrement le droit à l’avortement.

« Je n’ai pas à mettre de veto parce que maintenant tout est revenu aux États », a-t-il dit, en référence à une décision de la Cour suprême de 2022, qui a mis fin à la protection fédérale du droit à l’avortement et renvoyé cette compétence aux États.

Donald Trump indique aussi qu’il laisserait le champ libre à ces derniers s’ils décidaient de poursuivre en justice des femmes ayant avorté au-delà de la date limite : « Je n’ai pas à être à l’aise ou pas à l’aise » avec cette perspective.  

« Les États prendront cette décision. »

Sur l’immigration, autre sujet central en vue de l’élection, le républicain répète qu’il procéderait à des expulsions massives.

« La Garde nationale (NDLR : un corps d’armée relevant des États) devrait être capable de s’en charger. Si ce n’est pas le cas, j’utiliserais l’armée », donc les troupes fédérales, a-t-il dit à Time.

Ukraine

En matière d’économie, il indique envisager des droits de douane de « plus de 10 % » sur toutes les importations.

En ce qui concerne l’aide à l’Ukraine, Donald Trump indique : « je ne donnerai (pas plus d’assistance) si l’Europe ne commence pas à faire autant » que les États-Unis.

L’ancien président juge par ailleurs que si la Corée du Sud veut que les milliers de soldats américains basés sur son sol y restent, elle devra payer davantage : « Pourquoi devrions-nous défendre qui que ce soit ? Et on parle d’un pays très riche. »

« Je pense que l’ennemi de l’intérieur est, dans de nombreux cas, bien plus dangereux pour notre pays que les ennemis extérieurs de la Chine, de la Russie et d’autres », affirme Donald Trump, qui a plusieurs fois chanté les louanges de dirigeants autoritaires.

Il se dit « absolument » prêt à gracier toutes les personnes condamnées pour avoir envahi le Capitole le 6 janvier 2021, dans une tentative d’empêcher le Congrès de certifier la victoire de son adversaire Joe Biden.

Interrogé sur la possibilité de violence politique dans la foulée du scrutin de novembre, Donald Trump, poursuivi entre autres pour son rôle dans l’assaut du 6 janvier et pour fraude électorale dans l’État de Géorgie, répond : « Si nous ne gagnons pas, vous savez, cela dépend. »

Le républicain, qui n’a jamais reconnu la victoire de son adversaire démocrate en 2020, estime par ailleurs que si la Cour suprême ne lui consacre pas, comme il le lui demande, l’immunité présidentielle, Joe Biden « sera poursuivi pour tous ses crimes. »