Gilberto Villanueva est convaincu que son fils, Dany, sera tué s'il est expulsé vers le Honduras.

«Il va perdre la vie», a dit l'homme de 48 ans avant d'éclater en sanglots devant la commissaire à l'immigration, hier, à la troisième journée d'audience de son fils devant la Section d'appel de l'immigration au complexe Guy-Favreau à Montréal.

Dany Villanueva se bat pour rester au Canada, après qu'un ordre de renvoi pour «grande criminalité» eut été donné à son sujet en avril 2010.

Grave dépression

C'est la première fois que le père s'exprime publiquement depuis la mort de son plus jeune fils, Fredy, abattu dans un parc de Montréal-Nord en août 2008. Il souffre d'une grave dépression depuis le drame, ce qui l'empêche de travailler.

Le père de famille a précisé dans quel contexte la grand-mère maternelle de Dany, restée au Honduras, aurait reçu des menaces destinées au jeune homme de 24 ans.

«Il y a deux semaines, deux hommes armés sont rentrés chez elle. Le fils de l'un des frères de ma femme vit avec elle. Les hommes armés l'ont pris pour Dany. Ils l'ont menacé», a-t-il expliqué, sans toutefois dévoiler comment l'incident s'est terminé. L'homme, dont les années de scolarité équivalent au primaire, a eu besoin d'une traductrice espagnole pour témoigner.

Victimes de violence

Gilberto Villanueva a décrit les circonstances qui ont poussé sa famille à trouver refuge au Canada. Sa femme, Lilian Madrid, et lui travaillaient dans une coopérative agricole au Honduras. Or, des gens ont voulu les expulser pour s'approprier les terres agricoles. Gilberto a résisté. Il a été menacé de mort, en plus de se faire couper deux doigts et briser la clavicule.

M. Villanueva a alors brandi sa main avec ses doigts amputés devant la commissaire à l'immigration pour le prouver.

Le couple a trouvé refuge au Canada en 1995. Il a trimé dans une manufacture du matelas pour réussir à faire venir ses enfants. Ces derniers sont arrivés au Canada en 1998. Le couple a eu trois filles et deux garçons.

La plus jeune, Lilian - qui porte le même prénom que sa mère -, a un handicap physique et intellectuel. Dany l'aide beaucoup à la maison, a indiqué son père.

Le père trouve «difficile à accepter» les démêlés avec la justice de son fils. «Ma femme et moi, nous n'avons jamais commis de crime», a-t-il expliqué. Le père promet d'aider son fils à déménager à Toronto pour lui permettre de «changer de vie», s'il n'est pas expulsé. Selon lui, son fils ne récidivera pas, puisqu'il est «plus mature».

Un passé criminel

«Dans ma famille, avant, on était sept. En ce moment, on est six. Si Dany est expulsé du Canada, nous ne serons plus que cinq. C'est pour cela que, devant ce tribunal, je vous demande ne pas me séparer de mon fils», a conclu, le père, des sanglots dans la voix.

Contrairement au reste de sa famille, Dany ne possède pas la citoyenneté canadienne. Il a été condamné à 11 mois de prison pour deux crimes commis en 2006, soit le vol d'une chaîne et la possession illégale d'une arme en feu.

Il a aussi deux causes en cours devant les tribunaux, l'une de vol qualifié, et l'autre de conduite avec facultés affaiblies.

L'audience se poursuit aujourd'hui.