À la suite de la victoire éclatante de Michel Desjoyeaux (Foncia) et de l'abandon de Roland Jourdain (Veolia), les paris sont ouverts pour savoir qui les accompagnera sur le podium. Si le marin Armel Le Cléac'h (Brit Air) possède une sérieuse option sur la deuxième position, la lutte pour la troisième est chaudement disputée.

En ce moment à 1100 milles nautiques de l'arrivée, Armel Le Cléac'h poursuit son sans faute à sa première participation au Vendée Globe. En effet, le benjamin de la course maintient une deuxième place gagnée à la régulière et si les abandons ont avantagé certains concurrents, Armel est quant à lui englué au groupe des meneurs depuis le début de l'épreuve. Dans le top 10 depuis le départ et ayant navigué pour ainsi dire côte à côte de Vincent Riou (PRB) jusqu'à l'abandon forcé de celui-ci à la suite du sauvetage de Jean Le Cam, Le Cléac'h refuse depuis le départ de mettre tout le charbon et de prendre des risques qu'il considère inutiles. Le grand sud était un terrain de jeu inconnu pour lui et vraisemblablement la navigation prudente de Le Cléac'h semble vouloir lui rapporter gros.

Âgé de 31 ans, Le Cléac'h, considéré comme un des meilleurs talents du monde de la voile, a encore bien des milles nautiques devant lui. Skipper professionnel depuis 1999, c'est Alain Gauthier, gagnant du Vendée Globe en 1993, qui lui donne sa première vraie chance en course internationale en lui offrant les commandes de son trimaran Foncia en 2004. Gagnant de la solitaire du Figaro en 2003, certainement l'une des épreuves les plus difficiles à gagner à la voile, sixième lors de la Transat Québec- St-Malo en 2004 et quatrième de la route du rhum en 2006, il rêvait de Vendée Globe depuis longtemps.

Actuellement localisé près des Açores, le skipper est attendu aux Sables d'Olonne entre le 5 et le 6 février et à moins d'un imprévu ou de problèmes techniques, il montera sur le podium à sa première participation, ce qui n'est pas rien.

La guerre pour la troisième position en est toute une.

La sympathique Anglaise Samantha Davies détient actuellement une avance de 150 milles sur le sauveur de Yann Eliès (Generali), Marc Guillemot (Safran). Les deux marins qui naviguent à quelques milles l'un de l'autre depuis le passage du cap Leeuwin en Australie sortent tout juste du Pot au noir et sont à la hauteur du Cap-Vert en Afrique. En ne voyant pas de possibilité de réellement rattraper Davies qui a pris une route nord-est, Guillemot tente le grand coup par le nord-ouest. Théoriquement, l'Anglaise est plus rapprochée de la ligne d'arrivée vu son décalage dans l'est, avec pour but de contourner l'anticyclone des Açores, mais Guillemot prend la chance d'aller plus rapidement et de contourner l'obstacle carrément du côté opposé. Il est dans un vent moins refusant et file plus rapidement que Davies pour le moment. Réussira-t-il le coup? Guillemot, grand compétiteur depuis toujours, explique:

«Je me rapproche à bonne vitesse de l'anticyclone. Ça avance bien. Au niveau trajectoire, ce n'est pas l'idéal par rapport à l'arrivée, mais je crois que c'est un bon investissement niveau vitesse. Dans 36 heures, je pense que j'aurai passé l'anticyclone. Depuis 2 jours, vous avez pu voir que j'ai une trajectoire qui est plus proche du nord-ouest que la route optimum, donc, en rapprochement, je ne suis pas très rapide. L'idée, c'est de contourner cet anticyclone par l'ouest et, en haut, de toucher le front. Cette autoroute que je voudrais rejoindre, je pense que c'est intéressant, même s'il y a un peu de manoeuvres à faire. En restant près de Samantha, au près, j'avais peu de chance de la rattraper.»

À l'arrière, Dee Caffari (Aviva) offre le meilleur d'elle-même et c'est de toute beauté de voir la résilience de cette femme. Présentement sixième, à un peu plus de 1700 milles de Le Cléac'h, l'Anglaise qui a été la première femme de l'histoire à compléter un tour du monde à la voile en sens contraire, se bat avec l'énergie du désespoir afin de terminer l'épreuve alors que sa grand-voile est dans un état tout simplement catastrophique. À la suite de son passage du cap Horn, elle a effectué une réparation de fortune en collant des pièces d'un foc découpé afin de boucher les trous de sa voile principale. Résiliente comme tout, elle est localisée aujourd'hui dans l'hémisphère nord tout juste au sortir d'un passage du Pot au noir qui n'a pas manqué de la faire souffrir. Elle explique:

«Quelle frustration! Je passe mon temps à me battre pour faire avancer le bateau, qui ne progresse guère. Le pire, c'est que je vois partir tous les autres devant moi après de tels efforts pour les rattraper. Enfin, j'ai réussi à entrer dans l'hémisphère nord avant que Foncia ne franchisse la ligne d'arrivée, ce qui me réconforte un peu dans ces moments déprimants. Le vent revient là à une vingtaine de noeuds. J'ai pris un ris et j'ai rempli les ballasts. Je commence à m'habituer à la navigation au près avec ses inconforts, mais après ces derniers jours, je ne vais pas m'en plaindre. Le Pot au noir été affreux pour la grand-voile, car en l'absence de vent et avec la houle, la voile claque et je ne savais pas comment elle allait résister à ce traitement. Je voyais la voile se désintégrer devant mes yeux dans un nuage de confettis.»

Deux femmes dans le top 10? Ça serait une autre première dans l'histoire du Vendée Globe.

>>> Suivez la position des skippers

Les positions à 11:00hrs TU + retard sur le 1er toujours en course (milles nautiques)

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), Vainqueur en 84 jours 3 heures 9 minutes 08 secondes

2- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), (11 heures seront à retrancher de son parcours)

3- Samantha Davies-GB (Roxy), 1110 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

4- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1261 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

5- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 1491

6- Dee Caffari-GB (Aviva), 1794

7- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 2208

8- Steve White-GB (Toe in Water), 3177

9- Rich Wilson-USA (Great American), 4509

10- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 5709

11- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 6143

12- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), Abandon, perte de quille

13- Vincent Riou-FRA (PRB), Idem, Démâtage, (Classé 3e par le Jury International)

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), idem, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barre de flèche cassée

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage