Stéphane Dion a laissé passer la journée d'hier sans se jamais se porter publiquement à la défense de Céline Hervieux-Payette, attaquée de toutes parts par des libéraux du Québec et des sénateurs du Parlement d'Ottawa.

La balle est dans le camp du chef libéral après que le conseil de direction de l'aile québécoise du PLC eut passé une motion lundi soir pour lui demander de démettre sa lieutenante politique de ses fonctions.

Mme Hervieux-Payette perdra aussi son titre de leader de l'opposition au Sénat après que des collègues mécontents de son travail eurent obtenu qu'elle soit remplacée par le sénateur de la Nouvelle-Écosse James Cowan.

Mais 24 heures après que ces nouvelles eurent fait l'actualité, M. Dion n'avait toujours pas annoncé publiquement ses intentions, ou à tout le moins pris la défense de celle qu'il a nommée il y a un an pour qu'elle le représente auprès des instances décisionnelles du parti dans la province francophone.

À Ottawa

Pourtant, Céline Hervieux-Payette a affirmé plus tôt dans la journée lors d'une entrevue à Radio-Canada qu'elle était en route pour Ottawa pour rencontrer M. Dion dans les heures qui suivaient. «Je suis en route vers Ottawa. Je vais être là ce matin. Donc on aura l'occasion de se parler», a-t-elle déclaré.

Quelques heures plus tard, en entrevue à La Presse Canadienne, elle a dit avoir contacté le bureau de son chef et attendre près de son téléphone pour qu'il lui dicte ses intentions.

Or, Stéphane Dion n'était pas à Ottawa pour la recevoir. Et en fin de journée, hier, une source bien informée a affirmé à La Presse que le chef n'avait pas rappelé sa lieutenante.

La sénatrice montréalaise ne semble plus être dans les bonnes grâces de M. Dion depuis la défaite du 14 octobre dernier.

Une rumeur persistante veut même que le soir du vote, celle-ci ait quitté en larmes l'hôtel de Montréal où avait lieu le rassemblement des partisans du chef après qu'il eut refusé de la recevoir dans la suite où il suivait les résultats de la soirée avec sa famille.

Mutisme de M. Dion

Nul ne semble maintenant en mesure de prédire la position que prendra M. Dion à l'endroit de celle qui l'a appuyé dans sa course à la direction du PLC en 2006, lorsqu'il sortira de son mutisme.

Dans l'attente, Mme Hervieux-Payette a continué hier à multiplier les entrevues, comme elle le fait depuis près d'une semaine, pour régler certains comptes et remettre les pendules à l'heure, notamment quant au bilan de la dernière campagne électorale des libéraux fédéraux au Québec.

Selon elle, le parti a été lourdement divisé et hypothéqué depuis l'arrivée en poste de Stéphane Dion en raison de libéraux qui s'opposent à son leadership.

En entrevue au 98,5 FM de Montréal, lundi, elle est allée jusqu'à dire que Mark Bruneau, président de la commission des finances de l'aile québécoise du parti, qu'il était largement responsable du mouvement de contestation actuel. Fidèle partisan de Michael Ignatieff, M. Bruneau a secondé la motion du conseil de direction du PLC-Q lundi soir, motion proposée par le président Robert Fragasso, qui a lui aussi appuyé M. Ignatieff à la dernière course au leadership.

«Ce n'est pas relié du tout à la campagne électorale «, a conclu Mme Hervieux-Payette à la radio de Radio-Canada hier matin.

« C'est tout simplement le commencement de la campagne au leadership. On veut éliminer quelqu'un qui pourrait probablement leur assurer une campagne plus [...] neutre.»