Le gouvernement libéral de l'Ontario défend sa décision d'avoir adopté en secret une loi qui accroît les pouvoirs des policiers de procéder à des arrestations durant les sommets du G8 et du G20.

Les détracteurs de la mesure affirment toutefois que l'Ontario ressemble maintenant à une «dictature de bananes».

Le ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, Rick Bartolucci, a expliqué vendredi que la réglementation permet aux policiers d'interpeller toute personne qui s'approche à moins de cinq mètres des clôtures de sécurité entourant le site du sommet du G20 à Toronto.

Les contrevenants pourront ensuite être arrêtés s'ils ne sont pas en mesure de s'identifier.

Il a précisé que c'est la même vieille loi, datant de 1939, qui permet aux policiers de fouiller des personnes qui se présentent à la cour et qu'on vient tout simplement d'étendre au périmètre de sécurité du G20 pour une semaine. Les policiers peuvent exiger une pièce d'identité des personnes se trouvant près de clôtures de sécurité et toute personne qui refuse s'expose à deux mois de prison et à une amende pouvant atteindre 500 $.

Les nouvelles règles ont été adoptées le 2 juin par un comité du cabinet provincial. Leur existence n'a été révélée que lors de l'arrestation d'un homme de 31 ans.

«Il n'y a rien eu de secret, s'est défendu le ministre. Le procédé normalement appliqué aux règles a été respecté.»

Il estime aussi qu'il revient à la police d'expliquer pourquoi les nouvelles règles n'ont pas été rendues publiques.

M. Bartolucci a beau insister pour dire que des mises à jour semblable sans débat au Parlement sont routinières, l'opposition fulmine.

«Les lois secrètes qui mènent à l'arrestation et à la détention des gens, comme celle-ci, sont les caractéristiques d'une dictature de bananes», a dit le député néo-démocrate Peter Kormos.

L'Association canadienne des libertés civiles estime pour sa part que les nouvelles règles sont dangereuses. Octroyer plus de pouvoirs aux policiers pour le sommet du G20 est une utilisation «inappropriée» d'une loi qui vise à protéger les édifices publics, dit l'organisme.

«Ça a été fait en secret, a déclaré la porte-parole Nathalie Des Rosiers. Ça n'a pas été fait d'une manière qui aurait permis une contestation devant les tribunaux.»

Le chef de police Bill Blair, qui a réclamé la nouvelle loi, insiste pour dire que son service n'a pas obtenu de nouveaux pouvoirs radicaux, ajoutant que tout ce que veut la police est d'avoir l'autorité indiscutable de maintenir un périmètre de sécurité le long des clôtures de la zone interdite.

«Nous ne voulons pas nous trouver dans une situation, et nous ne demandons pas, des pouvoirs extraordinaires pour arrêter nos citoyens», a dit M. Blair.

Un groupe d'opposants a été créé vendredi sur le site Facebook pour condamner la réglementation, la qualifiant d'atteinte sérieuse aux droits et libertés.

La réglementation est entrée en vigueur lundi et le demeurera jusqu'à lundi prochain, lorsque le sommet du G20 prendra fin à Toronto.