Après un parcours sans faute en ronde préliminaire et une victoire convaincante contre les États-Unis, Équipe Canada junior affronte ce soir le Danemark en quarts de finale au Air Canada Centre de Toronto. Le duel semble disproportionné, mais les Canadiens assurent ne pas prendre à la légère cette équipe gonflée à bloc par une victoire historique.

« Même si ça peut paraître inégal sur papier, ce match n'est pas sur papier, il va se jouer sur la glace et ils sont venus ici pour jouer », a prévenu hier l'entraîneur de l'équipe canadienne Benoît Groulx.

Oui, sur papier, le Danemark ne fait pas le poids, avec ses 22 arénas et ses 4252 joueurs de hockey fédérés, devant la puissance du Canada, un pays où les publicitaires et les pancartes des spectateurs aiment rappeler que le hockey « est notre sport ».

Les Danois, eux, ont pas mal d'autres sports. Le hockey est même au 40e rang seulement pour ce qui est de la pratique du sport. Avant leur gain de mardi contre la Suisse, les Danois n'avaient jamais - jamais ! - remporté de victoire au Championnat mondial junior de hockey.

C'est donc une équipe galvanisée que va affronter le Canada. Leur as attaquant Nikolaj Ehlers, qui a joué deux ans avec lui chez les Mooseheads d'Halifax, a même envoyé un texto à Zachary Fucale après la victoire. « Il avait vraiment l'air content », raconte le gardien, qui sera devant le filet pour ce match.

« Ils ont travaillé fort pour être ici et ils méritent leur place », note Groulx, qui dit avoir déjà analysé plusieurs extraits vidéo des Danois, une équipe que le Canada n'a affrontée que deux fois.

Le Danemark a d'ailleurs failli surprendre la Russie en match d'ouverture (3-2) et a fait la même chose aux Tchèques (4-3). L'avantage numérique danois (ces trois mots mis ensemble semblent si exotiques !) est le troisième du tournoi et leur désavantage, le cinquième. Le problème du Danemark, c'est que le Canada est premier dans ces deux catégories...

Leur première ligne, composée de Mads Eller (frère de Lars, fils de l'entraîneur Olaf), d'Oliver Bjorkstrand et de Nikolaj Ehlers, fait des ravages. « On ne se cachera rien : Ehlers est un joueur d'exception », lâche Fucale.

« C'est un gars dangereux, il a de la rapidité, il a du talent. Il va falloir le surveiller », ajoute Frédérik Gauthier, qui l'a affronté dans la LHJMQ.

Fucale dans les buts

Benoît Groulx n'entend pas changer ses trios pour entamer la ronde éliminatoire. Il ne change rien non plus à sa gestion des gardiens. Comme depuis le début du tournoi, l'alternance devant les buts prévaut. C'était Eric Comrie contre les Américains. Ce sera donc Zachary Fucale contre le Danemark.

« Ça peut ressembler à une rotation, mais ce n'est pas une rotation. On y va un match à la fois », a expliqué Benoît Groulx dans une formule mystérieuse. On peut conclure qu'Équipe Canada junior adopte une politique de rotation, mais un match à la fois !

De toute façon, le résultat est le même : aucun gardien n'a été devant le filet deux matchs de suite depuis le début du tournoi. Comrie et Fucale ont bien joué et les dirigeants de l'équipe n'ont manifestement pas encore choisi lequel des deux ils préféraient.

Devant Fucale se dresseront les 5'9" de Georg Sorensen, un petit gardien complètement inconnu de ce côté-ci de l'Atlantique, qui a fait face à 142 lancers en quatre matchs jusqu'à présent et qui a aidé les Danois à rester dans le tournoi.

À Toronto dans la ronde préliminaire, le Danemark était devenu la coqueluche de la foule alors que l'équipe canadienne évoluait à Montréal. Les joueurs suisses ont même été hués quand ils ont affronté les Danois. Cette idylle entre la foule et la petite équipe de négligés va finir dès ce soir. C'est bien beau les contes de fées, mais le Canada a un Mondial à gagner !

« ON A RÉUSSI UN EXPLOIT », DIT OLAF ELLER« Ce match contre la Suisse, avec la manière dont on s'est battus, dont on a pu revenir de l'arrière et gagner..., racontait hier au bout du fil Olaf Eller d'une voix solennelle. Ce match est le plus beau de l'histoire de notre programme de hockey junior. On a réussi un exploit. » Même au téléphone, la fierté d'Olaf Eller est évidente. L'entraîneur de la sélection danoise des moins de 20 ans peut dire « mission accomplie ». L'été dernier, dans un entretien avec La Presse, il confiait avoir comme objectif de se qualifier pour les quarts de finale dans ce tournoi. Cela représentait tout un exploit, puisque lors des deux Mondiaux juniors précédents, le Danemark n'avait pas remporté un seul petit match. La formation avait même été reléguée à la deuxième division. « Et si vous ne vous qualifiez pas, au moins de ne pas être relégué serait une victoire ? », avait demandé l'auteur de ces lignes. « Oui, soyons honnêtes, de ne pas finir derniers serait une grande victoire. » Et voilà qu'en battant la Suisse en fusillade mardi au compte de 4-3, après des matchs extrêmement serrés et qui se sont décidés en prolongation contre la Russie et la République tchèque, le Danemark se retrouve qualifié pour les quarts. Olaf Eller a maintenant rendez-vous avec le Canada. Les Danois ne seront pas relégués. « La joie de cette victoire était incroyable. Mes joueurs, même ceux qui jouent dans le junior majeur et ont été repêchés... Mes joueurs n'avaient jamais rien accompli de tel, dit Olaf Eller. Ils peuvent être fiers d'eux. »

Les matchs d'aujourd'hui

Allemagne-Suisse: 11h

Russie-États-Unis: 13h

Finlande-Suède: 15h

Slovaquie-République tchèque: 17h

Danemark-Canada: 20h