Le concept d'une technopole au centre-ville, qui inclurait à la fois l'hôpital, les centres de recherche et les facultés des sciences de la santé, semble faire son chemin petit à petit.

Au jour trois de la commission parlementaire spéciale sur le CHUM, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a ouvert la porte à un projet de technopole à l'hôpital Saint-Luc.

«Nous adhérons entièrement à ce concept», a répondu M. Couillard au maire de Montréal, Gérald Tremblay. Ce dernier souhaitait obtenir du gouvernement l'assurance qu'il était d'accord avec l'idée «d'un centre intégré du savoir et de la santé» qui contribuerait grandement au développement de la métropole.

Le principe de précaution doit cependant être considéré, a souligné M. Couillard. «Plaçons d'abord l'hôpital au bon endroit pour sa première mission qui est les soins à la population. Par la suite, assurons-nous que nous sommes sur un endroit qui peut également accueillir la progression vers une technopole qui dépend, il faut le dire de façon honnête, des moyens financiers du gouvernement.»

Rassuré sur la position du gouvernement, le maire de Montréal a pour sa part refusé de se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des projets, même s'il a reconnu que le concept de technopole est réalisable au centre-ville. Le projet du CHUM à Saint-Luc est d'ailleurs plus avancé, si bien que les délais pourraient être plus courts, a-t-il dit.

«Je prends fait et cause pour le développement de la métropole avec un projet qui est un centre intégré de santé et de savoir, a déclaré M. Tremblay aux journalistes. Ce n'est pas à moi de choisir le site, c'est une décision gouvernementale. »

Comme c'est le cas pour le projet de McGill à la gare de triage Glen, Montréal pourra payer les coûts de certaines infrastructures, a souligné M. Tremblay.

«La Ville entend contribuer à financer certains aménagements dans le cadre d'accords de développement qui restent à négocier. Nous estimons néanmoins qu'il appartient au promoteur d'intégrer au projet l'ensemble des coûts qui seront générés.»

Un intérêt grandissant

Les audiences d'hier ont permis de montrer que le concept d'une technopole au centre-ville suscite un intérêt grandissant. Tant les élus de l'arrondissement de Ville-Marie que les chefs de département du CHUM ont dit y voir un net avantage.

«À choix égal, si on a la technopole du savoir et de la santé au centre-ville, ce sera le meilleur des mondes. Mais la table des chefs va se rallier au projet sans égard au site», a indiqué le Dr Serge Bélisle, porte-parole de la Table des chefs de département du CHUM.

Le chef du département d'obstétrique-gynécologie s'est aussi inquiété de l'éloignement de la clientèle à Outremont, principalement les patients aux prises avec des problèmes psychiatriques ou de toxicomanie qui se retrouvent majoritairement au centre-ville.

Une opinion qui rejoint celle de l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal. Hier, le président et directeur général, David Levine, a mis en lumière le problème de la desserte si l'hôpital est construit à la gare de triage. Il y aurait alors un déficit de 135 lits au centre-ville, entraînant des dépenses de fonctionnement additionnelles de 50 millions par année.

Une thèse que rejette toutefois une équipe de chercheurs de l'Université de Montréal qui affirme plutôt que la population aura un meilleur accès si l'hôpital est situé à Outremont, principalement celle en provenance du nord de l'île.