Rues quasi désertes. Métro peu fréquenté. Comptoirs de nourriture et kiosques à journaux en majorité fermés.

En ce jour de congé, qui soulignait hier la fête des Travailleurs, les Mexicains ont visiblement suivi à la lettre la recommandation de leur président, Felipe Calderon: ils sont restés à la maison. Plus que jamais, la capitale fédérale revêtait des allures de ville morte.

Ainsi, ce 1er mai 2009 ne ressemblait en rien à la fête des Travailleurs des années précédentes. Généralement, la population mexicaine profite de ce jour férié pour sortir en famille, se balader dans les rues ou flâner dans le centre historique.

 

Or, jeudi, à la veille du long week-end de congé, le président Calderon a déclaré que le meilleur moyen de se protéger contre la grippe porcine était de demeurer chez soi.

Message reçu. À preuve, dans plusieurs quartiers, sur des avenues habituellement prises d'assaut par les automobilistes, la circulation était d'une fluidité inhabituelle. La population a également déserté le métro.

Le centre historique semblait lui aussi avoir été abandonné. C'est que les activités se font rares depuis quelques jours. La plupart des endroits publics comme les musées, les théâtres, les cinémas et certains parcs ont fermé leurs portes jusqu'au 5 mai. Les restaurants et les cafés n'offrent que des plats à emporter. Dans ces conditions, et en raison de l'inquiétude qui a gagné la population depuis le début de la semaine, peu de gens se sont risqués à sortir pour arpenter les vieilles rues pavées du centre. Toutefois, les quelques passants qui ont décidé de s'aventurer à l'extérieur ne semblaient pas se préoccuper outre mesure des conseils de leur dirigeant.

«Je suis consciente de ce que je suis en train de faire, a souligné Araceli Navaretto, venue faire quelques achats en compagnie de son mari. Je mange bien. Je prends des vitamines, a poursuivi la dame, qui avait retiré son masque. La vie continue.»

En promenade avec sa compagne et ses deux jeunes enfants, un autre passant a déclaré sans détour qu'il trouve que toute cette crise est exagérée. «Je ne pense pas que ça vaille la peine de porter un masque», a-t-il mentionné. L'homme a décidé de ne pas se couvrir le visage, tout comme sa femme et leurs deux enfants.

Marche des travailleurs

Par ailleurs, en plus de la fermeture de nombreux lieux publics, le secrétariat du Travail a demandé la suspension des rassemblements de travailleurs et des marches qui se tiennent habituellement dans le centre historique. Cette année, pour souligner la fête, seulement une centaine de personnes représentant le Syndicat national des travailleurs de l'éducation et le Parti communiste mexicain s'étaient réunies symboliquement.

Pour Lilia Albarca Lareda, l'une des représentantes du syndicat, il était hors de question d'organiser une marche dans le contexte actuel. Elle a toutefois admis avec désolation que, normalement, des milliers de travailleurs se mobilisent pour souligner la journée du 1er mai. Enseignante, Mme Lareda, qui a dit se sentir extrêmement vulnérable, en a profité pour critiquer le gouvernement de son pays. «Je pense que toute cette crise aurait pu être évitée, a-t-elle estimé. Les technologies médicales existantes auraient pu détecter le problème.» Elle reproche aux dirigeants d'investir peu en santé et dans la recherche. «Il faut plus que des masques et des médicaments», a-t-elle poursuivi.

Les 10 prochains jours critiques

Pendant ce temps, le maire de la ville, Marcelo Ebrard, a affirmé que les 10 prochains jours seront critiques. Ainsi, les mesures pour éviter la propagation du virus se poursuivent. Hier, dans quelques stations de métro, on distribuait des masques, un gel désinfectant pour les mains et un feuillet d'information sur le virus H1N1.

Quelque 35 000 analyses de laboratoire pour évaluer de possibles cas de grippe sont actuellement faites au Mexique.