Le géant britannique de l'amiante Turner&Newall a empoisonné au moins deux autres quartiers: à Armley, près de Leeds, et à Rochdale, près de Manchester.

À Armley, la mort de June Hancock en 1997 a servi de révélateur à ce problème. Née en 1936, Mme Hancok a grandi non loin de l'usine J. W. Roberts, qui appartenait à la Turner&Newall. Elle n'a jamais travaillé dans l'usine, mais a reçu un diagnostic de mésothéliome au début des années 90. Elle a poursuivi avec succès l'entreprise, et a reçu un dédommagement de 65 000 livres (103 000$ CAN) peu de temps avant sa mort.

À Rochdale, lieu du siège social et de la plus grande usine de l'empire Turner&Newall, la contamination à l'amiante d'un vaste terrain a été la cause de l'annulation d'un projet immobilier au cours des dernières années.

L'usine Atlas Asbestos à Montréal a employé jusqu'à 550 personnes. Elle a fabriqué toutes sortes de produits à base d'amiante. Elle a utilisé non seulement de l'amiante chrysotile en provenance de la mine Bell, à Thetford Mines, mais aussi de l'amosite et du crocidolite, des types d'amiante considérés comme encore plus dangereux, selon des documents internes qui ont été rendus publics lors d'une poursuite contre la Turner&Newall aux États-Unis.

Les conditions d'hygiène de l'usine elle-même étaient jugées insatisfaisantes par les autorités de la société mère.

Dans un rapport daté de 1973 et marqué confidentiel, le médecin-inspecteur de l'entreprise relate qu'il y a «de grandes quantités de fibres sur le sol». Il décrit le travail de deux hommes qui débloquent un convoyeur à la main, sans aucune protection respiratoire, répandant de la poussière sur le sol.

Il note aussi que «la fourniture de vestiaires pour les employés est la plus faible priorité» du programme de contrôle environnemental de l'entreprise. «Je suggérerais que les habits portés où il y a de l'amiante à l'état libre ne devraient pas être rapportés à la maison et que des mesures soient prises pour que ces vêtements soient entreposés séparément des vêtements personnels des employés», écrit le Dr H. C. Lewinson.

La Turner&Newall a fait faillite en 2001, croulant sous les poursuites. L'usine de Montréal a fermé ses portes en 1988.

La Presse a demandé aux autorités de santé publique s'il y avait d'autres victimes possibles d'exposition à l'amiante dans les environs de l'usine Atlas Asbestos.

Il n'a pas été possible de le savoir.

En particulier, la direction de la santé publique de Montréal affirme qu'il n'est pas dans son mandat de s'intéresser aux risques pour la santé qui ont disparu.