Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) actuellement en chantier utilise de l'amiante-ciment dans ses égouts pluviaux, ce qui est permis au Québec, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise le remplacement de l'amiante par un substitut lorsque c'est possible.

Des tuyaux en ciment-amiante sont utilisés pour les réseaux de drainage pluvial, dit Diane Rivard, responsable des communications chez SNC-Lavalin, qui gère ce grand chantier. Ces tuyaux possèdent de nombreuses qualités et leur utilisation est tout à fait conforme compte tenu du fait qu'ils ne possèdent pas d'amiante libre qui pourrait contaminer les travailleurs ou les utilisateurs du bâtiment.»

Elle ajoute qu'«aucun risque n'est associé à cette tuyauterie une fois l'installation terminée».

Le CUSM défend le choix de l'amiante-ciment et précise que le chantier d'installation des tuyaux est considéré comme à «faible risque» par la CSST. Le Québec a adopté en 2002 une Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante chrysotile fondée sur la conviction que l'utilisation sécuritaire de cette matière cancérigène est possible. Cette politique vise entre autres les conduites en amiante-ciment.

L'amiante chrysotile est le type d'amiante exploité dans les mines québécoises. Mais la thèse de l'utilisation sécuritaire de l'amiante est fortement attaquée. À l'international, elle n'a aucun défenseur sérieux parmi les spécialistes de la santé, mais elle est défendue avec vigueur par l'industrie et une minorité de scientifiques.  

Elle est maintenant remise en question au Québec.

En février dernier, l'Institut national de santé publique du Québec a noté plusieurs lacunes dans la surveillance des chantiers où l'amiante était présent, surtout dans les cas de désamiantage. En mars, les directions de la santé publique du Québec ont constaté «l'échec de l'utilisation sécuritaire de l'amiante chrysotile».  

Elles ont affirmé par communiqué que «l'usage non sécuritaire de l'amiante chrysotile a été observé dans des milieux de travail où sa présence est connue et malgré l'application des normes et lois en vigueur» et que «l'augmentation de l'exploitation et de l'usage de l'amiante chrysotile au Québec se soldera par une augmentation des maladies liées à l'amiante chez les travailleurs et dans la population en général».

De son côté, l'OMS préconise «l'élimination des maladies liées à l'amiante [...] en fournissant des informations sur les solutions de remplacement de l'amiante par des substituts plus sûrs».

Le moyen le plus efficace d'éliminer [les maladies causées par l'amiante] est de mettre fin à l'utilisation de tous les types d'amiante», affirme l'OMS.

Dans le cas des tuyaux de drainage pluviaux, il existe au moins deux substituts à l'amiante-ciment: le plastique et la fonte. Ils sont toutefois plus chers. Le CUSM n'a pas voulu indiquer quelles économies entraînait le choix de l'amiante.

Selon le Dr Fernand Turcotte, professeur émérite de santé publique et de médecine préventive à l'Université Laval et grand critique de l'amiante, le CUSM deviendra une très bonne carte de visite pour l'industrie de l'amiante.

Le choix de l'amiante dans un hôpital de pointe comme le CUSM, «ça fait dur», dit-il. «Ça envoie le message que les considérations de protection de la santé publique vont bien après les considérations budgétaires», dit-il.