Au moment où l'entourage du président américain prévient que ce dernier quittera Copenhague ce soir, qu'il y ait entente ou pas, les pays sont plongés dans un blitz de négociations de la dernière heure.

Signe que les délégations n'ont pas encore réussi à s'entendre à 21h heure locale, Barack Obama doit rencontrer pour une seconde fois le premier ministre chinois, Wen Jiabao, afin de tenter de sortir de l'impasse.

Prévue il y a déjà quatre heures, la clôture du sommet a été reportée sine die. Certains délégués affirment avoir reçu le mot d'ordre de prolonger leur séjour à Copenhague jusqu'à dimanche.



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Mais parallèlement, un responsable américain a indiqué à l'AFP que le président américain devrait quitter Copenhague ce soir comme prévu. Pour l'instant, seuls les présidents russe, Dmitri Medvedev, et brésilien, Luiz Inacio da Silva, auraient quitté le Bella Center.

Près d'une trentaine de pays sont toujours réunis autour d'un projet d'entente, grandement dilué par rapport aux attentes initiales. Les «amis de la présidence», ce cercle restreint de pays influents, discutent depuis de nombreuses heures des détails d'une éventuelle «entente politique» afin d'arracher un consensus aux 193 pays réunis.

Notons que le premier ministre canadien, Stephen Harper, n'a pas été invité à la rencontre.

Le texte sur lequel les chefs d'État négocient stipule que la communauté internationale s'engage à «répondre de manière vigoureuse» aux changements climatiques, afin que la hausse des températures mondiales «ne dépasse pas les 2 degrés Celsius».

On n'y retrouve toutefois aucune cible précise de réduction des émissions de gaz à effet de serre, contrairement aux premiers textes de travail déposé la semaine dernière. Des x remplacent en effet les pourcentages discutés en coulisses, à l'heure actuelle.

Tout au plus y promet-on l'atteinte d'un pic des émissions «le plus tôt possible», à quoi on ajoute que «l'échéance sera plus longue pour les pays en développement».

L'idée d'une entente contenant des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre, but ultime du gouvernement danois, a été complètement enterrée. En lieu et place, la communauté internationale se contenterait de cette «entente chapeau», idée évoquée hier par le président français, Nicolas Sarkozy.

Le document de travail montre clairement que les pays ont décidé de ne pas trancher l'une des plus épineuses questions de la conférence: prolonge-t-on Kyoto après 2012, ou élabore-t-on plutôt un nouvel accord international?

«Les parties décident de poursuivre plusieurs approches simultanément», peut-on lire. Autrement dit, on repousse à novembre 2010, lors de la Conférence de Mexico, l'objectif que l'on souhaitait atteindre à la Conférence de Copenhague.

Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a d'ailleurs suggéré dans son discours, il y a quelques heures, que les négociations se prolongent l'an prochain, confirmant ainsi que la conférence danoise aura été en quelque sorte un rendez-vous manqué.

Malgré le dépôt d'un projet d'entente, les divisions sont encore grandes entre les 119 chefs d'État présents. La principale pierre d'achoppement est la question des vérifications des réductions d'émissions. Les pays riches, les États-Unis en tête, exigent que les diminutions de gaz à effet de serre soient «mesurables, vérifiables et assortis d'obligations déclaratives», ce qui implique le dévoilement d'informations que Pékin juge confidentielles.

Le président Obama a d'ailleurs confirmé dans son discours, plus tôt aujourd'hui, l'importance de cet enjeu de transparence. «Nous devons avoir un mécanisme pour vérifier si nous sommes en ligne avec nos engagements et pour échanger de l'information d'une manière transparente, a précisé M. Obama. Ces mesures, toutefois, n'ont pas nuit à la souveraineté nationale de quiconque.» «Sans cette imputabilité, a-t-il ajouté, toute entente équivaudrait à une feuille sur laquelle des mots vides de sens seraient imprimés.»