Pendant qu'Amanda Rodrigues, veuve d'Arturo Gatti, profitera de la fin de semaine pour se remettre de ses émotions, son avocat, Pierre-Hugues Fortin, ira en expédition dans le sous-sol de la maison d'Ida Gatti, à Rivière-des-Prairies. L'avocat veut voir de ses yeux les choses que le défunt boxeur a laissées dans la chambre qu'il occupait chez sa mère.

Voilà un des éléments qui se dégagent de l'audience de vendredi, au procès qui oppose la famille d'Arturo Gatti à sa veuve au sujet de la succession. Entre les mois de janvier et juillet 2009, Arturo Gatti a eu des problèmes de couple avec Mme Rodrigues et il est allé demeurer chez sa mère, Ida Gatti. Cette dernière assure que, après la mort tragique de son fils, en juillet 2009 au Brésil, elle a fermé la porte de cette chambre du sous-sol et que personne n'y est entré depuis, sauf pour mettre le chauffage. À la demande de Me Fortin, un huissier est allé dans cette chambre, mercredi dernier, et a dressé la liste de ce qui s'y trouvait. Me Fortin veut maintenant s'y rendre à son tour, pour vérifier certaines choses. Vendredi après-midi, Mme Gatti y a consenti et a même signalé qu'il pouvait venir dans le salon aussi.

Journée difficile

Quant à Amanda Rodrigues, elle a connu une matinée difficile, vendredi. Au terme d'un contre-interrogatoire musclé qui a fait ressortir les faiblesses et les contradictions de ses réponses, la veuve a fondu en larmes, juste avant la pause du midi. Ne se sentant pas assez bien, elle n'est pas revenue en après-midi.

La crise de larmes est survenue au moment où Mme Rodrigues, âgée de 25 ans, était questionnée sur ses relations avec Ida Gatti et sur le fait que cette dernière n'a pas accès à son petit-fils, Arturo Junior. Mme Rodrigues a reconnu que Mme Gatti avait toujours été correcte avec elle. «Si elle veut voir Junior, c'est O.-K. Elle peut le voir ce soir, si elle veut. Elle dit que j'ai tué son fils... Comment je peux avoir une relation avec elle? Je n'ai pas été une épouse parfaite, j'aurais pu être meilleure. Mais je ne pensais jamais que ça finirait comme ça. J'ai perdu tout le monde, je suis seule», a dit Mme Rodrigues en sanglotant.

Me Carmine Mercadante, qui représente la mère et le frère du défunt, lui a alors demandé si elle croyait que Mme Gatti avait intenté la poursuite pour l'argent. «Elle est manipulée. Elle n'a aucune idée de ce qui se passe», a répondu Mme Rodrigues.

Testament

Un peu plus tôt en matinée, Mme Rodrigues avait été amenée à raconter dans quelles circonstances, en juin 2009, soit trois semaines avant sa mort, Arturo Gatti avait signé un testament qui faisait d'elle la seule héritière de sa succession, évaluée alors à plus de 6 millions de dollars. En même temps, il avait signé une promesse de fidélité, dans laquelle il s'engageait, si jamais il trompait Mme Rodrigues, à lui donner 1million de dollars et peut-être même toute sa fortune.

Mme Rodrigues a toujours prétendu qu'elle s'était rendue chez le notaire, en juin 2009, afin d'obtenir un document qui permettrait à Arturo Gatti de voyager seul avec Junior en dehors du pays. Elle avait déjà obtenu de tels documents deux fois par le passé, auprès de leur notaire habituel, établi à deux pas de son domicile, à Saint-Léonard. Mais en juin 2009, elle a cherché dans les Pages jaunes un autre notaire. Elle en a trouvé un au centre-ville, Me Bruce Moidel. C'est lui qui lui a suggéré de faire un testament. C'est aussi Me Moidel qui a proposé de rédiger le fameux contrat de fidélité. Mme Rodrigues ne peut expliquer pourquoi elle a changé de notaire en juin 2009. «Je n'ai pas de réponse», a-t-elle dit, avant d'ajouter qu'elle voulait avoir son propre notaire, pas «celui de la compagnie» (une entreprise de construction dans laquelle Arturo Gatti était partenaire avec Tony Rizzo).

Poursuite au New Jersey

Rappelons que, dans ce procès, la mère et le frère d'Arturo Gatti demandent à la Cour supérieure de déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder pour cause de captation. Ce n'est pas le seul obstacle pour Mme Rodrigues.

Jeudi, son avocat, MeFortin, a reçu une poursuite civile intentée au New Jersey par Sofia, la fille qu'Arturo Gatti a eue d'une union précédente. Cette poursuite vise à tenir Mme Rodrigues civilement responsable de la mort de Gatti et lui réclame des dommages. Elle demande le gel de tous les actifs de la succession au Canada, aux États-Unis et au Brésil. Il s'agit d'une poursuite similaire à celle qui avait été intentée contre O.J. Simpson, après son acquittement pour le meurtre de sa femme, Nicole Brown Simpson, et de Ronald Goldman.