Pendant qu'Ottawa demandait des explications aux autorités brésiliennes, hier, le Bureau du coroner a confirmé que des spécialistes pratiqueront ce matin une deuxième autopsie sur la dépouille d'Arturo Gatti afin d'élucider les causes de son décès.

Porté en terre il y a deux semaines, le corps de l'ex-champion du monde a été exhumé. Deux pathologistes du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal l'analyseront pour confirmer ou infirmer les conclusions de leurs collègues brésiliens. Ceux-ci soutiennent que Gatti, 37 ans, s'est suicidé en se pendant avec la courroie d'un sac à main.

 

Un troisième spécialiste assistera à l'autopsie. Il s'agit d'un pathologiste embauché par la famille Gatti.

«Les conclusions de l'enquête policière brésilienne ont révélé des informations qui constituaient un revirement de situation», a indiqué la porte-parole du Bureau du coroner, Geneviève Guilbault.

La police brésilienne a en effet arrêté et détenu la conjointe du boxeur, Amanda Rodrigues, avant de la libérer jeudi. L'autopsie pratiquée là-bas dans les jours qui ont suivi la mort de Gatti a finalement écarté l'hypothèse du meurtre, concluant plutôt à un suicide.

Les proches de l'ex-boxeur, qui soupçonnent Mme Rodrigues de l'avoir tué, contestent vivement ces conclusions. Ils espèrent que cette nouvelle autopsie permettra de jeter un nouvel éclairage sur l'affaire.

«Ça pourrait peut-être relancer l'enquête, a indiqué Jeremy Filosa, ami d'enfance de Gatti et journaliste sportif à CKAC. La police civile brésilienne a indiqué que si jamais on devait trouver quelque chose qui pouvait porter à croire qu'il y a eu un meurtre, comme la famille le pense, elle serait prête à rouvrir l'enquête.»

La police de Recife, au nord-est du Brésil, ne semble toutefois pas de cet avis. Sa porte-parole, Milena Saraiva, a affirmé hier que «cette affaire est réglée».

«Même si les preuves sur place nous ont menés à penser que Gatti avait été assassiné, les résultats de l'autopsie et l'analyse détaillée de la scène du crime ont abouti à une autre conclusion», a indiqué Mme Saraiva.

Ottawa intervient

Devant le tollé soulevé par la libération d'Amanda Rodrigues, Ottawa a demandé au gouvernement brésilien de fournir plus de détails sur les circonstances qui entourent la mort d'Arturo Gatti.

«J'ai chargé les fonctionnaires du Ministère de faire une demande formelle aux autorités brésiliennes pour des détails supplémentaires sur les événements entourant le décès du citoyen canadien Arturo Gatti», a fait savoir le ministre dans un communiqué.

La famille Gatti s'est dite satisfaite de cette décision. Car elle reste convaincue que l'ancien champion n'avait aucune raison de se suicider.

«Ils sont tellement convaincus que c'est pour cela qu'on procède à tout ce qu'on est en train de voir actuellement, a affirmé M. Filosa. S'ils pensaient que leur fils s'était suicidé et que sa conjointe n'avait rien à voir là-dedans, ce serait probablement terminé.»

L'autopsie brésilienne a révélé que Gatti s'est pendu très tôt, le matin du 11 juillet. Son corps est tombé par terre trois heures plus tard.

Amanda Rodrigues a découvert le corps gisant sur le sol vers 6h le matin, mais elle a d'abord cru qu'Arturo Gatti s'était endormi sur le plancher. Ce n'est qu'à 9h, en redescendant de la chambre, qu'elle a découvert qu'il était mort.

Dix-sept témoins ont indiqué aux enquêteurs que le couple s'était querellé la veille dans une rue près de leur chambre; M. Gatti aurait alors pris Mme Rodrigues par le menton pour la projeter au sol.

Amanda Rodrigues estime que cette querelle est à l'origine du suicide. Elle a indiqué à Associated Press qu'il s'était enlevé la vie de crainte qu'elle ne le quitte le lendemain.

Avec La Presse Canadienne et Associated Press