Le 9 avril 1969, le gouvernement du Québec créait l’Université du Québec à Montréal. Quelques mois plus tard, 3800 étudiantes et étudiants francophones franchissaient les portes de l’UQAM pour la première fois. Aujourd’hui, il y en a presque dix fois plus, soit 35 000 environ, dont près de 20 % proviennent de l’international. En 55 ans, plus de 300 000 personnes y ont obtenu leur diplôme.

Ce formidable élan de démocratisation des études supérieures au Québec, nous le devons aux membres visionnaires de la commission Parent, et en particulier au sociologue Guy Rocher, dont le 100e anniversaire sera célébré dans quelques jours. C’est d’ailleurs lui qui présidait en 1965 le Comité d’étude sur les modalités de création d’une nouvelle université publique de langue française à Montréal, qui deviendra l’UQAM.

Notre institution et le réseau de l’Université du Québec, ainsi que celui des cégeps, nés de la Révolution tranquille, ont joué et continuent de jouer un rôle clé dans l’accessibilité aux études supérieures.

La majorité francophone a trouvé dans ce remarquable réseau public un accès qui lui était refusé ailleurs. S’en est suivie une mobilité sociale considérable, source de progrès et de croissance sans précédent pour la société québécoise.

Selon l’Enquête nationale sur la participation étudiante (NSSE) publiée en 2023, l’UQAM compte 45 % d’étudiantes et d’étudiants de première génération au baccalauréat, c’est-à-dire des personnes dont les parents ne sont pas allés à l’université. Elle représente en outre une porte d’entrée universitaire pour de nombreuses personnes au parcours atypique.

Une autre manière d’être une université

Cinquante-cinq ans, cela semble une éternité quand on a 20 ans, mais à l’échelle des universités, c’est très jeune et c’est un avantage important pour l’UQAM. Notre communauté fait encore preuve d’humilité, elle n’a pas froid aux yeux et ne manque pas d’énergie. Ce sont là des qualités essentielles pour oser sortir du cadre et faire avancer la société.

Cet anniversaire est l’occasion de prendre la mesure du chemin parcouru, mais aussi de tracer des perspectives d’avenir.

Que ce soit en matière de santé, d’environnement, de relance urbaine, de francisation ou de justice sociale, par exemple, Montréal et le Québec font face à des enjeux complexes. L’UQAM a beaucoup à offrir pour y faire face.

Elle a été pionnière, rappelons-le, de l’intégration de nouveaux champs d’études en milieu universitaire : communication, économie sociale, design, environnement, sexologie, gestion du tourisme et de l’hôtellerie, et études féministes, par exemple. Et elle vient tout juste de créer six programmes universitaires uniques au Québec, notamment en ostéopathie et en langue des signes québécoise.

Cette manière différente d’être une université prend la forme d’une démarche tournée vers la société et ses besoins. Première université à mettre sur pied un service aux collectivités il y a 45 ans, l’UQAM poursuit son action auprès des milieux, comme en témoignent la nomination récente d’une vice-rectrice associée à la relance du Quartier latin et le projet de faculté des sciences de la santé centrée sur une vision ouverte et décloisonnée.

Parmi les priorités des prochaines années, renforcer la vitalité du français à Montréal me tient particulièrement à cœur. La plus récente Journée internationale de la Francophonie nous a donné l’occasion de célébrer le plaisir de vivre dans un monde où l’on peut s’exprimer en français, où l’on peut chanter et rêver dans cette langue qui est la nôtre ou l’est devenue.

Chaque année, plus de 10 000 personnes, toutes formées en français, obtiennent leur diplôme à l’UQAM. Le français y rayonne grâce à l’enseignement et aux recherches menées dans cette langue, grâce à nos expertises reliées à la langue française ainsi qu’aux activités et programmes mis sur pied pour améliorer la francisation et l’intégration des personnes immigrantes en région métropolitaine. L’UQAM demande d’ailleurs que sa mission à cet égard soit mieux reconnue et davantage soutenue par l’État. Elle constitue au cœur de Montréal un outil essentiel de valorisation du français.

S’il est une certitude que mon parcours d’économiste m’ait donnée, c’est que l’éducation est le meilleur moteur d’une société. C’est par elle que se renforcent la mobilité sociale, l’amélioration de nos conditions de vie collectives et la démocratie. L’anniversaire de l’UQAM, qui façonne le Québec depuis 55 ans, est une belle occasion de le rappeler.

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