La nuit, au lieu de dormir gentiment, je serre des dents. C’est fatigant, dormir. Alors je me réveille souvent aussi fatigué – sinon plus – que la veille, mais avec une migraine en prime. J’en ai parlé à mon dentiste, c’est dire combien le problème est rendu grave, parce que, voyez-vous, j’ai une peur bleue de ses instruments de torture ; les bruits qu’ils font quand ils tournent, grattent, piquent.

Voici les propositions du dentiste :

  • des séances de piqûres des muscles de la mâchoire avec des aiguilles ;
  • des injections de Botox pour figer les muscles ;
  • la prise de calmants musculaires.

OK, pis ça fait effet combien de temps, ces traitements-là ? Trois mois. Après, faut repayer.

Donc le problème, ce serait les muscles. Ils auraient une volonté (celle de serrer le plus fort possible) totalement indépendante de la mienne.

C’est dommage. Pour une fois que j’étais prêt à admettre que c’est moi, le problème.

On dort stressé. On lève les enfants stressé, pis après, on les élève stressé. On mange stressé, on travaille stressé, on conduit stressé. On fait pas trop l’amour parce qu’on est stressé. Pis après, on se couche. Ben stressé. Pis ça recommence.

Y a quelques jours, la mairesse de Montréal a perdu connaissance en plein point de presse. Si moi je pense que je suis stressé, je n’imagine pas comment Mme Plante peut se sentir. Je ne parle pas d’elle parce que je vote pour elle : le stress n’a pas de couleur.

Il est là, toujours présent, et il tisse la toile de fond de nos sociétés contemporaines.

Ça fait plus de 15 ans que, chaque 31 décembre, quand vient le temps de prendre une résolution, je prends toujours la même. Je sais, je sais, ça porterait malheur de partager ça. Mais je vais vous l’dire quand même, parce que de toute façon, ça n’a pas fonctionné pour moi.

À chaque début d’année, je fais le souhait de mieux dormir.

Quelque chose me dit qu’il faut qu’on soit plusieurs à le souhaiter pour que ça ait une chance d’arriver. C’est comme avec les parapluies : c’est pas vrai que ça porte malchance de les laisser ouverts à l’intérieur, les fabricants ont inventé cette histoire-là seulement pour que les branches des parapluies rouillent plus vite – pis que vous en rachetiez un autre. Il faut le dire.

Et de la même façon, c’est pour ça que je vous raconte tout ça : c’est pas vrai qu’il faut garder ses vœux les plus chers juste pour soi.

J’suis tanné de rouiller par en ’dans.

La fin de l’année s’en vient. Peut-être que, si on souhaite tous la même chose, ensemble, on pourra mieux s’y obliger ? On n’en peut plus que ce soit fatigant de dormir.

On veut juste ça : la paix. Celle dans le monde, avant tout, et aussi l’autre, si possible, dans notre tête.

Là-dessus, j’espère que vous passez non pas de joyeuses Fêtes (c’est trop compliqué, la joie), mais des Fêtes pas fatigantes. Parce que peut-être qu’il faut commencer par être en forme pour bien dormir.

Alors, santé !

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