Les grèves actuelles, en plus de priver les usagers de leurs services et de créer des difficultés financières pour certains grévistes, ont pour conséquence de mettre une pression indue sur la négociation des solutions appropriées et durables au contexte actuel. La grève est-elle réellement le moyen de pression approprié dans le contexte actuel ? Peut-on négocier une trêve pour donner une chance à une négociation raisonnée sur des enjeux importants qui nécessitent du temps et de la rigueur dans l’identification des solutions ?

On le voit dans l’actualité, les négociations peuvent s’avérer difficiles lorsque les parties discutent de l’organisation du travail.

Les syndicats considèrent leurs conventions collectives comme le résultat de plusieurs luttes syndicales historiques et voient rarement d’un œil enthousiaste les demandes d’assouplissement ou de modification qu’ils considèrent comme des reculs. Les employeurs ont également un réflexe de défendre leur droit de gérance pour éviter des obligations supplémentaires.

Le processus de négociation peut prendre différentes formes selon la maturité des relations de travail entre les parties à discuter ouvertement de leurs enjeux respectifs et leur historique des négociations.

Dans un cadre où les tactiques, stratégies et émotions prédominent, il peut s’avérer ardu de négocier des modifications majeures. Trop souvent, la position de n’accepter aucun recul au contrat de travail ou encore de ne pas céder davantage de droit de gérance a pour conséquence que les points importants sont discutés lorsque les moyens de pression s’exercent et a également pour résultat que le climat de travail se dégrade.

Dans le conflit actuel entre le gouvernement du Québec et les syndicats, il est inquiétant que les solutions aux enjeux historiques et réels au sein des services publics fassent l’objet de négociations dans un cadre où la pression est à son paroxysme.

Les nouvelles orientations et réformes mises de l’avant par le gouvernement doivent réussir pour qu’enfin il y ait une amélioration des services publics en santé et en éducation. Toutes les solutions auraient dû faire l’objet de discussions il y a plusieurs mois, dès le début des négociations. Je crois même que les parties auraient dû préparer le terrain pour que ces sujets soient abordés lors des négociations.

Solutions de transition et solutions permanentes

Les parties doivent s’entendre sur des points majeurs : composition de la classe, intégration du personnel infirmier des agences dans le réseau actuel, mobilité dans les établissements de santé. Des solutions de transition et des solutions permanentes pour pallier la pénurie de main-d’œuvre spécialisée doivent être trouvées. Il faut également régler le problème des charges de travail ou encore le temps supplémentaire obligatoire, en plus d’un rattrapage salarial pour certains emplois de soutien. Ouf ! Tout ce travail se fait en mode intensif alors que les médias et la population commentent et s’impatientent.

Comment peut-on trouver en quelques jours des solutions viables et efficaces à des problèmes qui durent depuis des années ? Il y a un risque de conclure des ententes inefficaces pour les usagers, les employés et leurs gestionnaires.

On doit repenser nos façons de négocier dans les réseaux publics, municipaux et paramunicipaux, car il faut que les services, les structures et l’organisation du travail s’adaptent rapidement à de nouvelles réalités ponctuelles ou récurrentes.

Il serait important que des canaux de communication et de négociations soient maintenus en dehors de la pression de la négociation des contrats de travail pour discuter en continu des importantes réformes à mettre en place et des ajustements qui seront nécessaires aux contrats de travail à être conclus. Il est également possible de négocier des bonifications salariales liées à l’implantation de ce qui est négocié.

À mon avis, les négociateurs patronaux et syndicaux devront faire preuve de maturité, d’ingéniosité et de remise en question de leurs positions pour y arriver, quitte à laisser au vestiaire certains acquis historiques et à regarder leurs obligations respectives pour que la population y trouve finalement son compte. Nous n’avons pas le luxe de manquer le bateau.

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