Dire que les Québécois attendaient avec impatience ce plan de déconfinement est un euphémisme. La boîte de courriels de La Presse débordait, mardi, dans les heures qui ont précédé le point de presse de 17 h.

Un point de presse attendu, donc, avec une fébrilité qui rappelait les rendez-vous du District 13 h, au printemps dernier. Sauf que cette fois, on n’était pas assis au bout de nos sofas à regarder le ciel nous tomber sur la tête.

Cette fois, on espérait LA bonne nouvelle. Celle qui nous libérerait une fois pour toutes de la pandémie. Du linge mou. Du télétravail. De l’isolement. Du stress financier. De la routine et de la déprime. De la maladie et de la mort.

Après 14 mois de ce régime, personne n’avait envie de passer une minute de plus que nécessaire en confinement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

« C’est précisément si tout le monde abandonne les mesures sanitaires dès maintenant qu’on risque d’avoir à affronter une nouvelle vague… », écrit Isabelle Hachey.

C’était sûrement trop optimiste, mais on s’imaginait déjà réserver nos billets d’avion, envoyer nos invitations au mariage, organiser de gigantesques retrouvailles familiales…

On rêvait presque que François Legault annonce officiellement la date exacte de la fin de la pandémie.

Il n’est évidemment pas allé jusque-là. Mais ne gâchons pas notre plaisir. Les nouvelles sont bonnes. Excellentes, même. Après tout, c’est un retour à la normale que le premier ministre a annoncé, mardi. Un retour « graduel », bien sûr. Trop prudent pour plusieurs, sans doute.

Mais un retour à la normale, néanmoins.

Après tout ce qu’on a vécu, ce n’est pas rien.

En fait, c’est une véritable bouffée d’air frais que François Legault a offerte aux Québécois.

Le déconfinement s’étalera donc jusqu’à la fin de l’été. Le 28 mai, on lèvera le couvre-feu et on rouvrira les restaurants. À partir du 25 juin, les Québécois pleinement vaccinés pourront se visiter à l’intérieur sans contrainte.

À la fin d’août, si on réussit à injecter deux doses à 75 % des 12 ans et plus, les Québécois n’auront plus à porter de masque dans la plupart des lieux publics.

Mieux encore, en septembre, les étudiants pourront aller au cégep et à l’université. En personne, je veux dire. Pour la première fois en presque deux ans.

Bref, si tout se passe bien, la rentrée automnale – scolaire, mais aussi culturelle et économique – se fera sous le signe de la normalité au Québec. Enfin.

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D’ici là, les règles seront allégées… mais pas abolies. Pour y arriver, il faudra absolument continuer à respecter les mesures sanitaires, a insisté Horacio Arruda.

Pourquoi tant de précautions  ? Après tout, Québec prévoit désormais que les trois quarts des adultes auront reçu au moins une dose d’ici le 15 juin. Les hospitalisations sont en baisse. Le taux de mortalité aussi.

Pour la première fois depuis qu’on nous répète que « ça va bien aller », on dirait que… ça va effectivement bien aller. Pour vrai.

Mais le vent peut encore tourner. Et malgré l’impatience de plus en plus évidente des Québécois, la pire erreur de François Legault serait de créer de faux espoirs.

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Bien sûr, le danger de tout rouvrir trop vite, c’est d’avoir à tout refermer à nouveau. Pour le gouvernement caquiste, qui caracole dans les sondages, être forcé de remettre le Québec sous cloche serait dévastateur.

Pour le système de santé, aussi. Pour les restaurateurs, pour les commerçants. Pour tout le monde, en fait.

Personne n’a envie d’affronter une nouvelle vague. Tout le monde en a plus qu’assez.

Mais voilà, c’est précisément si tout le monde abandonne les mesures sanitaires dès maintenant qu’on risque d’avoir à affronter une nouvelle vague…

Si on fait comme si le virus avait été éradiqué, on risque de lui donner l’oxygène dont il a besoin pour se propager. C’est un cercle vicieux. On n’en sort pas.

Il ne faut pas lâcher. Pas maintenant.

On est presque au fil d’arrivée.