En milieu d’après-midi, Keven Bilodeau, l’organisateur principal du festival, replaçait les pancartes de la Santé publique plantées dans les bottes de foin à l’entrée du site. Les véhicules motorisés affluaient et se dirigeaient vers la musique country qui résonnait au loin. Des gens de tous âges étaient présents.
« Liberté ! », a crié une automobiliste, le poing levé. Des autocollants sur les voitures affichaient le message « Fuck Legault ». « Et si j’ai tort de faire confiance aux élus, sur l’état d’urgence ? Je m’informe », lisait-on sur l’un des véhicules.
La Sûreté du Québec est venue sur les lieux au cours de l’après-midi. Le maire de Saint-Benoît-Labre a souligné la présence accrue des policiers dans la municipalité, pour s’assurer du bon déroulement de l’évènement et du respect des règles sanitaires.
Sur la page Facebook du Festival des Gaulois, « une manifestation contre l’urgence et la pass sanitaire » était annoncée pour trois jours, du 6 au 8 août. Ces opposants aux règles de la Santé publique ont refusé que les médias accèdent au site, vendredi, lors de la première journée de l’évènement.
Au passage de La Presse à Saint-Benoît-Labre, vendredi, des représentants de Rebel News, un site d’extrême droite, questionnaient les journalistes présents. « Pourquoi êtes-vous ici ? », ont-ils demandé, micro et caméra à la main. « Allez-vous-en, c’est un terrain privé », a lancé l’un des responsables du festival, à l’endroit des représentants des médias qui voulaient entrer sur le site.
Il y a quelques semaines, la Direction de santé publique du CISSS de Chaudière-Appalaches avait sommé les responsables du Festival des Gaulois de se conformer aux mesures sanitaires. Devant leur refus, la Cour du Québec a été appelée à trancher.
Vendredi, le Tribunal a émis une ordonnance afin que les organisateurs veillent au respect des mesures sanitaires. Le CISSS et sa direction de santé publique se sont dits « satisfaits de la décision rendue par la Cour du Québec ».
L’attachée du ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé, Rébecca Guénard-Chouinard, a fait valoir que les gens avaient le droit de manifester, mais devaient respecter les règles sanitaires. Surtout avec le début d’une quatrième vague et la présence du variant Delta sur le territoire, a-t-elle précisé.
« Nul besoin de se cacher derrière un “Festival”, a-t-elle écrit, dans un échange de courriels avec La Presse. C’est malheureux de voir une minorité de gens essayer de miner les efforts collectifs réalisés jusqu’à présent par les citoyens de la région de Chaudière-Appalaches et de tout le Québec. »
Saint-Benoît-Labre et les Gaulois
Contacté par La Presse, le maire Éric Rouillard a confirmé qu’il serait présent au Festival des Gaulois ce samedi. « Les gens qui sont contre les mesures [sanitaires] ont le droit de manifester, tout en s’assurant qu’ils respectent les règles quand ils sont dans les lieux publics, a-t-il soutenu. On va voir comment ça va se dérouler, mais on s’attend à ce que tout se passe dans l’ordre. »
Au marché Saint-Benoît, au village, les avis étaient partagés sur la tenue de l’évènement. « Je suis complètement contre le festival, a affirmé Marie Poulin, une résidante. Je suis enseignante et j’ai hâte de retourner enseigner. Nous, on respecte les règles. »
Rencontré au village, Maverick Poirier a dit n’être pas opposé à la tenue du festival. Maude Lebel, employée du marché Saint-Benoît, était du même avis.
Ils ont le droit d’exprimer leur opinion tant qu’ils ne font pas de vandalisme.
Maude Lebel, employée du marché Saint-Benoît
Pascal Plante, ancien résidant de passage au village, devait prendre part au festival. « Mais je suis trop occupé, a-t-il expliqué. Je suis contre le vaccin et le port du masque. »
Gare aux éclosions
Les évènements extérieurs comme le Festival des Gaulois représentent-ils un risque d’éclosions de COVID-19 ? André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, appelle à la prudence pour les gens qui ne sont pas vaccinés.
« S’il y a 500 personnes, que les gens sont proches les uns des autres et que l’air circule mal, c’est quasiment comme être à l’intérieur, explique-t-il. Il n’y a pas de règles absolues pour l’intérieur et l’extérieur. Certains lieux intérieurs sont très bien ventilés et certains lieux extérieurs sont très mal ventilés. »