(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau continue de privilégier la carotte au bâton en matière de vaccination contre la COVID-19.

La campagne de vaccination continue de progresser rapidement au pays, alors qu’un cap important a été franchi cette semaine : plus de 50 % des Canadiens de 12 ans et plus ont reçu leur deuxième dose du vaccin contre la COVID-19, et près de 80 % ont reçu une injection.

Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car en raison de la contagiosité du variant Delta, des experts fixent à 90 % ou 95 % le seuil nécessaire pour atteindre l’immunité collective. C’est la menace de ce même variant qui a amené le président français Emmanuel Macron à donner un tour de vis dans l’Hexagone, lundi.

Pour mettre la pression sur les non-vaccinés, son gouvernement a choisi d’étendre le passeport sanitaire à la plupart des lieux publics pour contrecarrer le variant Delta, en plus d’imposer la vaccination aux travailleurs de la santé, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement.

Les annonces du président Macron ont eu un effet instantané ; les Français ont en effet pris d’assaut les sites de rendez-vous de vaccination. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a affirmé qu’il n’y avait pas en France « d’obligation vaccinale », mais bien « une incitation maximale ».

Invité à dire s’il pourrait être tenté de suivre la voie de la contrainte, Justin Trudeau a signalé que non, et il a rappelé que les provinces et territoires étaient libres de mettre en place des passeports sanitaires à l’intérieur de leurs frontières si tel est leur souhait — le Québec le fera, l’Alberta pas.

« On espère, et on a l’intention, de ne pas rendre obligatoire ces vaccinations, parce qu’on voit à quel point les Canadiens, avec les bonnes informations, avec l’encouragement des médecins, de leurs pairs, et de leaders communautaires, sont en train de se faire vacciner », a-t-il déclaré.

« Nous allons continuer d’encourager, de chercher des façons d’inciter les Canadiens à se faire vacciner, parce qu’effectivement […] on a encore beaucoup de travail à faire pour arriver à un automne beaucoup plus normal », a ajouté le premier ministre en marge d’une annonce en Nouvelle-Écosse.

Le gouvernement fédéral devrait avoir recours à des outils exceptionnels, par exemple la Loi sur les mesures d’urgence, pour imposer la vaccination à travers le pays. Depuis le début de la pandémie, Justin Trudeau n’a jamais démontré l’appétit d’invoquer cette loi.

Au Québec, la Loi sur la santé publique donne le pouvoir au gouvernement d’« ordonner la vaccination obligatoire de toute la population ou d’une certaine partie de celle-ci contre la variole ou contre une autre maladie contagieuse menaçant gravement la santé de la population […] » en cas d’urgence sanitaire.

Travailleurs de la santé : Québec garde son modèle

Le gouvernement Legault demeure satisfait de l’arrêté ministériel qu’il a adopté en avril dernier, qui oblige les travailleurs de la santé qui côtoient des patients à se faire vacciner contre la COVID-19 sous peine de devoir subir trois tests de dépistage par semaine.

Et Québec « n’envisage pas obliger la vaccination du personnel de la santé comme nous avons déjà mis en place [cette] alternative il y a plusieurs mois », a signalé dans un courriel Marjaurie Côté-Boileau, l’attachée de presse du ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Depuis que nous l’avons mis en place, le taux de vaccination auprès du personnel de la santé a grimpé, atteignant maintenant le 88 %. Ceci dit, la France prend les décisions qu’elle juge les meilleures selon son contexte épidémiologique, et nous continuons d’en faire autant pour le Québec », a-t-elle ajouté.

Avec l’Agence France-Presse