Nadia McLaren, qui a grandi à Sioux Lookout, en Ontario, a toujours eu l'impression qu'il manquait quelque chose à l'histoire familiale. C'est pour combler ce vide qu'elle a commencé à enregistrer des entretiens avec des autochtones âgés, qui ont abouti à un film documentaire, son premier, intitulé «Muffins for Granny».

La grand-mère de Mme McLaren, Theresa McCraw, avait fréquenté le pensionnat pour autochtones St. Joseph, à Thunder Bay, en Ontario. Originalement de la communauté ojibway de Heron Bay Pic River, la grand-mère de Mme McLaren avait rarement parlé de son expérience au pensionnat.

Les pensionnats pour les autochtones ont commencé à fonctionner à la fin des années 1800, et ce n'est qu'à la fin des années 1970 que toutes ces institutions ont été fermées. Si pour certains, l'expérience de ces institutions, dirigées par le gouvernement, a été positive, plusieurs des 150 000 étudiants, éloignés de leurs familles et de leur territoire traditionnel, forcés de renoncer à leurs langues et à leurs pratiques spirituelles, ont aussi été agressés physiquement et sexuellement.

Après la mort de sa grand-mère en 2003, la diplômée de l'Ontario College of Art and Design, qui avait toujours eu l'impression que l'expérience de son aïeule n'avait pas été favorable, a entrepris de créer une oeuvre commémorative, pour laquelle elle tournerait des vidéos d'anciens racontant leur passé, qu'elle projetterait à côté de ses toiles.

Mais au bout d'une troisième entrevue, Mme McLaren a réalisé qu'un long métrage serait la façon la plus efficace de transmettre les récits des anciens. Le résultat est «Muffins for Granny», un documentaire de 88 minutes qui entremêle des bandes de film familial montrant sa grand-mère, des entrevues avec six autochtones âgés, des reconstitutions de leurs histoires, des photos d'archives des écoles, des chants traditionnels et des scènes de nature.

«Pour beaucoup d'anciens, c'était la première fois qu'ils parlaient vraiment de ça, alors c'était très puissant», a commenté Mme McLaren.