La «rock'n'roll attitude» a débarqué jeudi au Festival de San Sebastian avec un voyage en Alabama à la frontière du blues et du rock proposé par Honeydripper de l'Américain John Sayles et la présentation du documentaire Berlin par la star Lou Reed.

La journée a aussi été marquée par la présence dans la station balnéaire basque de l'acteur américain Samuel L. Jackson, venu faire la promotion hors sélection officielle de Cleaner le dernier film du Finlandais Renny Harlin (Le pacte du sang, Driven).

En 1950, dans la petite ville d'Harmony, où la ségrégation raciale est imposée, le propriétaire d'Honeydripper, un petit bar déserté par les clients cherche par tous les moyens à éviter la faillite.

Pour cela, cet amateur de piano congédie sa chanteuse de blues habituelle et décide de faire venir Guitar Sam, le joueur de guitare électrique le plus connu du moment. Mais le musicien n'arrive jamais et il doit trouver une solution d'urgence.

La chance retombe sur Sonny, un jeune guitariste influencé par les nouveaux rythmes de rock'n'roll, arrivé par hasard à Harmony.

«Ce film parle avant tout des changements expérimentés par la musique», a déclaré en conférence de presse John Sayles, venu défendre son film avec deux de ses acteurs, Yaya DaCosta et Gary Clark Jr.

«J'ai toujours pensé que l'origine d'un nouvel esprit dans le monde ferait une histoire intéressante», a souligné le réalisateur, dont les précédents films, comme Silver City, étaient plus engagés politiquement.

??l'époque, alors que les chanteurs de blues chantent à l'entrée des drugstores et que le gospel est la musique live la plus écoutée, la guitare électrique est sur le point d'introduire une nouvelle technologie, explique le cinéaste.

Rock'n'roll toujours, la star américaine Lou Reed présentait jeudi à San Sebastian Berlin, un documentaire signé Julian Schnabel, sur l'album homonyme que l'ex-chanteur de Velvet Underground avait enregistré en 1973.

Cet album, aujourd'hui considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de Lou Reed, avait été un échec commercial et l'artiste a refusé de jouer Berlin sur scène jusqu'à fin 2006 à New York.

Samuel L. Jackson était l'autre star américaine de la journée. Il est venu présenter Cleaner, où il interprète Tom, dont le travail consiste à nettoyer les scènes de crime, un long métrage qui se démarque de la ligne indépendante des films présentés à San Sebastian, mais dont la projection cherche à d'attirer un public le plus large possible, notamment les jeunes.

Après Honeydripper, le deuxième film en compétition officielle présenté jeudi est Shadows in the Palace, premier long métrage de la Sud-Coréenne Meejeung Kim, l'enquête d'une femme médecin, Chun-ryung, sur une jeune femme retrouvée pendue dans le palais impérial.

Le médecin suspecte un assassinat et décide de dénoncer courageusement les faits. Elle découvrira un passé caché.

«J'ai voulu montrer le monde des centaines de femmes qui résidaient à vie au palais impérial, suivant des règles très strictes et n'ayant le droit à aucune romance», a déclaré la jeune réalisatrice, dont le film, souvent très cru, a été très timidement applaudi par le public de San Sebastian.

Le jury présidé par l'écrivain américain Paul Auster décernera samedi le Coquillage d'or, plus haute récompense du festival, après avoir départagé les 16 films en compétition.