La comédienne française Jeanne Moreau, qui fête ses 80 ans, dont six décennies de cinéma cette année, a évoqué ses camarades d'école juifs déportés pendant l'Occupation, lundi en marge de la projection du film d'Amos Gitaï Plus tard tu comprendras, à la 58e Berlinale.
  
«Je suis née en 1928 et lorsque l'Occupation a débuté j'avais 11 ans», a dit Jeanne Moreau au cours d'une rencontre avec le public du film, projeté hors compétition mais en avant-première mondiale, dans la section spéciale de la Berlinale.
  
«Au collège, certains de mes petits camarades portaient l'étoile jaune et ils disparaissaient du jour au lendemain... C'était notre vie quotidienne», a-t-elle ajouté.
  
«Plus tard, on m'a demandé de distribuer des tracts communistes... et bien entendu, nous savions ce qui se passait», a conclu, élégante en costume noir, celle qui fut l'égérie de François Truffaut et de Louis Malle.
  
Jeanne Moreau interprète une grand-mère murée dans le silence, 40 ans après la déportation de ses parents pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le dernier film de l'Israélien Amos Gitaï, présent à ses côtés à Berlin.
  
Adapté du livre éponyme et autobiographique publié par Jérôme Clément, le président de la chaîne franco-allemande Arte, Plus tard tu comprendras se déroule à Paris, en 1987, pendant le procès du dignitaire nazi Klaus Barbie.
  
On y suit Victor, joué par Hippolyte Girardot, le fils de Rivka alias Jeanne Moreau, qui reconstitue l'histoire de ses grands-parents maternels, des Français juifs d'origine russe, déportés et morts en camp de concentration.
  
Obsédé par ce passé enfoui, il entame des démarches et recueille des documents afin de combler les lacunes de son histoire familiale, tandis que sa mère qui se prépare à mourir, confie son douloureux passé à ses petits-enfants.