Pour assurer la promotion du film Dédé à travers les brumes, en salle le 13 mars, TVA Films a invité l'interprète d'André Fortin, Sébastien Ricard, sur le plateau de Star Académie, le 2 mars, a-t-on appris hier lors des journées Ciné-Québec, rencontre annuelle de l'industrie du cinéma dans les Laurentides.

Le populaire concours télévisé sera l'un des points culminants d'une campagne promotionnelle entamée près de trois mois avant la sortie du film. «C'est extraordinaire pour Dédé à travers les brumes: Star Académie aura sans doute droit à de très grosses cotes d'écoute cette année», se réjouit le patron de TVA Films, Yves Dion.

L'enthousiasme du distributeur et du service marketing de TVA Films n'a apparemment pas encore convaincu Sébastien Ricard. Le comédien et musicien, également connu sous le pseudonyme Batlam et membre du groupe Loco Locass, se montrait plutôt sceptique. «Ça me fait vraiment chier cette histoire-là», a-t-il commenté.

La promotion d'un film sur Dédé Fortin, poète et musicien engagé, dans l'émission qui a offert Wilfred Le Bouthiller et Marie-Hélène Thibert à la chanson québécoise doit-elle être considérée comme un hiatus ou un paradoxe? «Je me pose aussi la question», répond le réalisateur Jean-Philippe Duval.

«Star Académie, c'est quoi: un concours de chanson populaire? Quebecor est certes mercantile, mais parle aux Québécois. Je vais être absolument intègre, Sébastien Ricard va chanter une chanson de la façon la plus intègre possible. Quand tu es un artiste, et que tu es convaincu que ce que tu fais est juste, tu prends toutes les tribunes», analyse le réalisateur.

«J'ai par contre quelques réserves sur l'idée d'être artiste du jour au lendemain. Ça change aussi depuis que Michel Rivard est là. C'est un concours de chansons, nous, ça nous donne l'occasion de parler d'un artiste, c'est bien, mais je n'irai pas faire des steppettes», dit-il.

Auteur d'un documentaire sur la vie de Réjean Ducharme, du film Matroni et moi, d'un portrait sur le poète Pierre Morency, Jean-Philippe Duval a passé plusieurs années à se documenter sur Dédé Fortin, qu'il a aussi fréquenté sur les bancs de l'université. Le projet Dédé à travers les brumes a aussi reçu l'aval des soeurs du musicien.

«Pour l'instant, je suis très fier du film, dit le réalisateur. Le film est en harmonie avec Dédé, qui était un artiste populaire, mais qui réussit à être intimiste. À l'université, Dédé disait rêver de faire un film populaire et intelligent. C'est sûr que c'est aussi l'un de mes désirs: je veux que les gens aillent voir le film. Je pense que la génération qui tripe le plus sur Loco Locass ou les Cowboys fringants pourrait s'y retrouver.»