À 80 ans, Clint Eastwood n'est pas près de raccrocher. Que son nouveau film aborde le thème du passage de la vie à la mort - et ce qu'il y a peut-être après - n'est que le fruit du hasard. Et non pas le résultat d'une préoccupation particulière d'un homme qui entame sa neuvième décennie sur Terre.

«Manoel de Oliveira a aujourd'hui plus de 100 ans et il tourne encore des films, a fait remarquer le cinéaste au cours d'une conférence de presse tenue à New York la semaine dernière. Et je compte faire la même chose!»

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Hereafter, son nouveau film, est plutôt le fruit d'une réflexion qu'a eue le scénariste britannique Peter Morgan (The Queen, Frost/Nixon) après avoir lu un récit écrit par une femme ayant récemment perdu sa soeur. L'expérience «paranormale» décrite dans cet ouvrage a poussé Morgan - qui provient d'une famille antireligieuse - à coucher quelques idées sur papier.

En quête de commentaires de son entourage, il a eu la surprise d'apprendre que son agent avait montré le scénario à la productrice Kathleen Kennedy, qui entretient des liens étroits avec Steven Spielberg.

«C'est devenu surréaliste à partir de ce moment, raconte Morgan. Spielberg a demandé à me voir. Durant cet entretien, il m'a dit: «Ça ne t'ennuie pas si je montre ton scénario à mon ami Eastwood?»»

«J'ai lu le scénario et il m'a tout de suite intéressé, dit Clint Eastwood. Même si je savais qu'il comportait des éléments auxquels je ne m'étais encore jamais frotté sur le plan technique. Pour les scènes du tsunami, nous avons eu recours à des images de synthèse. Je n'avais jamais fait ça. Cela dit, il y avait très longtemps que je n'étais pas tombé sur un scénario qui ne réclamait aucune réécriture. Nous l'avons pratiquement tourné tel quel.»

Hereafter relate les destins parallèles de trois personnes qui ont côtoyé la mort d'une façon ou d'une autre. La première est une présentatrice télé française (Cécile de France) qui s'est retrouvée entre la vie et la mort au moment du tsunami en Asie. À Londres, la vie d'un jeune garçon bascule le jour où son frère est victime d'un accident. Matt Damon interprète de son côté un homme qui a le don - plutôt un mauvais sort, selon lui - de communiquer avec les êtres disparus. Le poids de ce don est lourd à porter, au point où il tente désormais d'ignorer cet aspect de sa personne afin d'établir des relations «normales» avec les vivants.

Si le récit évoque un appel de la spiritualité, ne comptez pas sur Clint Eastwood pour cautionner quelque vision religieuse que ce soit.

«Ce film n'offre pas de réponse, prévient-il. Qu'on soit croyant ou non, il arrive un moment où nous nous posons tous la question de ce qui arrive - ou pas - une fois notre passage sur Terre terminé. Car personne ne le sait.»