Le nom de Micky Ward ne résonne peut-être pas de la même façon que le font ceux des superstars du monde de la boxe, mais il n'y a rien d'étonnant à ce que le parcours de l'homme ait suscité l'intérêt de Mark Wahlberg. Reconnu notamment pour sa «trilogie de combats» contre le boxeur québécois Arturo Gatti (mort l'an dernier au Brésil), Ward provient d'une famille nombreuse issue d'un milieu modeste. L'athlète a aussi dû apprendre les règles de la loi de la rue. Et il est de Lowell, au Massachusetts, non loin de Boston. Wahlberg pouvait facilement s'identifier à tous ces éléments de l'histoire de son concitoyen. En fait, le récit des jeunes années du boxeur l'a tellement touché que l'acteur a décidé de porter ce projet de film à bout de bras en agissant aussi à titre de producteur.

The Fighter aurait en principe dû être tourné il y a au moins trois ans. Darren Aronofsky (Black Swan) était alors aux commandes. Mais le montage financier a été difficile à faire. Le projet a dû être mis de côté.

«À mes yeux, il était évident qu'il y avait un bon film à tirer de cette histoire, a déclaré Wahlberg au cours d'une conférence de presse tenue récemment à Los Angeles. Mais aux yeux des autres, ce n'était visiblement pas le cas. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de porter le chapeau du producteur. Il fallait que ce film existe. Comme je voulais aussi avoir l'allure d'un vrai boxeur à l'écran (et non avoir l'air d'un acteur qui boxe), je me suis mis à l'entraînement il y a quatre ans sans jamais arrêter. Même à l'époque où le projet était dans l'impasse et que rien ne pouvait laisser croire qu'il puisse être remis sur les rails un jour, je n'ai jamais ralenti la cadence. Autrement, j'aurais eu l'impression de jeter l'éponge. Il n'en était pas question.»

Wahlberg est même allé jusqu'à faire installer un ring de boxe chez lui. C'est là qu'il s'est entraîné comme un forcené en compagnie de son entraîneur Bo Cleary, invitant du même coup Christian Bale, qui incarne Dickey Eklund (demi-frère aîné de Micky), à en faire autant.

Histoire de famille

Une fois le feu vert enfin obtenu, Wahlberg a fait appel à David O. Russell, cinéaste de confiance qui l'avait déjà dirigé dans Three Kings et I Heart Huckabees.

«J'ai tout de suite aimé le scénario, dit le réalisateur. Au-delà de la boxe, il y a cette histoire familiale au coeur du film, centrée particulièrement sur la relation entre les deux frères.»

Dicky (Christian Bale) devait en principe devenir la star d'une famille nombreuse ne comptant que deux garçons, menée d'une main de fer par Alice (Melissa Leo), mère et gérante de ses boxeurs de fils. Drogue, trafic, activités criminelles en auront toutefois décidé autrement. Micky, cadet, réclamera sa chance. Et obtiendra le soutien de son frère à titre d'entraîneur. Dans cette famille matriarcale, où les femmes forment un clan très serré et n'hésitent pas à se mêler de la vie sentimentale de leurs frangins, la nouvelle flamme de Micky (Amy Adams), «MTV Girl», disent-elles avec mépris, sera aussi très mal accueillie.

«J'avoue que j'appréhendais l'idée d'aller rencontrer les gens dont on raconte l'histoire dans ce film, fait remarquer David O. Russell. J'étais certain de tomber sur des brutes! Or, ils ont tous été très ouverts. Ils ont aussi fait preuve d'un très bel esprit de collaboration. Ils ont été adorables, en fait. Il leur reste maintenant à voir le film!»

Oscars en vue?

Alors que s'amorce la saison des récompenses, les observateurs évoquent des nominations possibles aux Oscars pour les artisans de The Fighter, particulièrement dans les catégories d'interprétation. Christian Bale et Melissa Leo semblent être incontournables dans les catégories de soutien.

«Je n'étais pas certaine de pouvoir camper le rôle de la mère, explique pourtant Melissa Leo, déjà nommée aux Oscars dans la catégorie de la meilleure actrice il y a deux ans grâce à sa performance dans Frozen River. Ce rôle exigeait de ma part une grande transformation. Mais David était si convaincant qu'il a finalement gagné toute ma confiance. Quand le réalisateur croit sincèrement en vos possibilités, une grande partie du travail est déjà faite!»

On verra si Wahlberg décrochera de son côté sa première nomination dans la «grande» catégorie. Une chose est certaine: l'acteur a su faire son chemin. Russell le décrit même comme le «nouveau nabab» de Hollywood. Il est vrai que le nom de l'acteur est désormais associé à de nombreux projets, notamment à la chaîne spécialisée HBO (Entourage, In Treatment, Boardwalk Empire, How to Make It in America).

«Il est difficile de croire que le Mark d'aujourd'hui soit le même que celui que j'ai connu à 26 ans alors qu'il baragouinait à peine ses phrases dans Boogie Nights!» conclut le cinéaste.

The Fighter (Le coup de grâce en version française) prend l'affiche le 17 décembre.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.