Dans la compétition officielle, où 19 longs métrages ont été retenus, les sélectionneurs proposent un équilibre entre les «abonnés», parmi lesquels trois anciens lauréats de la Palme d'or, et les recrues.

«Il y a une tonalité moins sombre dans la sélection cette année, a annoncé le délégué général Thierry Frémaux en déballant les titres retenus dans la sélection officielle du 64e Festival de Cannes. Il y a du sourire, des répliques drôles», a-t-il ajouté avant d'être rappelé à l'ordre par le président Gilles Jacob. «N'exagérons rien!», a tenu à préciser ce dernier.

Sourire ou pas, il reste que la sélection annoncée hier réunit le meilleur des deux mondes. Elle se révèle alléchante pour le plus exigeant des cinéphiles, et comporte des films où sont mises en vedette des personnalités qui ne passeront pas inaperçues sur le tapis rouge.

Le délégué général a évoqué une sélection qui allie la «prospection» et le retour de «ceux que vous, les médias, appelez les abonnés, un terme que nous allons finir par déposer! Ce sont souvent les plus grands cinéastes qui font les meilleurs films, a-t-il poursuivi. Et c'est la tradition de Cannes d'accompagner leur oeuvre. Le Festival l'a toujours fait, de Tarkovski à Fellini.»

Trois anciens lauréats de la Palme d'or reprennent le chemin de la compétition cette année. Luc et Jean-Pierre Dardenne (Rosetta, L'enfant) présentent Le gamin au vélo (avec Jérémie Rénier et Cécile de France); Nanni Moretti (La chambre du fils) s'immisce dans la vie d'un nouveau pape rongé par le doute avec Habemus Papam (Michel Piccoli incarne le chef de l'Église); et Lars von Trier (Dancer in the Dark) s'amène avec Melancholia, mélodrame aux relents fantastiques dont les têtes d'affiche sont Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst.

Des retrouvailles

Bien des cinéastes ayant déjà figuré au palmarès sans obtenir le plus prestigieux laurier se pointent aussi à la ligne de départ, à commencer par Pedro Almodovar. Le célèbre cinéaste espagnol se serait laissé convaincre à la toute dernière minute, à la faveur d'un voyage éclair du délégué général, de lancer sur la Croisette - et en compétition par-dessus le marché - La peau que j'habite, une adaptation du roman de Thierry Jonquet Mygale. Ce film marque, en outre, les retrouvailles d'Antonio Banderas avec le metteur en scène qui l'a mis au monde.

Parmi les autres «abonnés»: le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan (Les climats) propose Once Upon a Time in Anatolia; le Finlandais Aki Kaurismäki (L'homme sans passé) arrive avec Le Havre, un film tourné en France; et l'Italien Paolo Sorrentino (Il Divo) offre un film tourné en anglais dont les vedettes sont Sean Penn et Frances McDormand. On note aussi la présence en compétition du vétéran Alain Cavalier (Thérèse), dont le nouveau film, Pater, serait l'un des plus «singuliers» de la sélection, selon Thierry Frémauxé. Terrence Malick, dont la présence est très espérée et attendue, devrait être là pour présenter son fameux The Tree of Life (avec Brad Pitt et Sean Penn).

Fait à souligner, quatre réalisatrices ont été invitées au bal, parmi lesquelles trois subiront leur baptême du feu. Maïwenn Le Besco (Le bal des actrices) lancera à Cannes son troisième long métrage, Polisse (avec Karin Viard et Marina Foïs); l'Australienne Julia Leigh proposera le conte érotique Sleeping Beauty; et l'Écossaise Lynn Ramsay a été sélectionnée grâce à We Need to Talk About Kevin, drame mettant en scène sa compatriote Tilda Swinton. Naomi Kawase, primée il y a quatre ans avec La forêt de Mogari, revient en compétition avec Hanezu no tsuki.

Bertrand Bonello (L'apollonide - Souvenirs de la maison close), Radu Mihaileanu (le nouveau film du réalisateur du Concert a pour titre La source des femmes), et Takashi Miike (Hara-kiri - Death of a Samurai) ont aussi eu l'honneur de faire partie du club sélect des 19 cinéastes invités à concourir pour la Palme d'or.

Du beau monde

Des films présentés hors concours créeront aussi l'événement, à commencer par le quatrième volet de la série Pirates des Caraïbes. Johnny Depp et Penélope Cruz monteront les marches du Palais des festivals pour l'occasion. Bousculades à prévoir.

The Beaver, nouvelle réalisation de Jodie Foster (dont la tête d'affiche est Mel Gibson), prend aussi la direction de la Croisette, tout comme La conquête de Xavier Durringer, film de fiction relatant la campagne qu'a menée Nicolas Sarkozy en 2007 pour occuper la plus haute fonction de l'État français; et The Artist, un exercice de style prometteur, muet et en noir et blanc, réalisé par Michel Hazanavicius (OSS 117) et mettant en vedette Jean Dujardin.

Quelques pointures se retrouvent aussi du côté de la section «parallèle» Un certain regard: les nouveaux films de Bruno Dumont (Hors Satan), Robert Guédiguian (Les neiges du Kilimandjaro), Eric Khoo (Tatsumi), Kim Ki-duk (Arirang), Hong Sangsoo (The Day He Arrives) et Gus Van Sant (Restless) y seront notamment dévoilés.

Et le Québec dans tout ça? Totalement absent. Les seules chances de voir le drapeau national flotter quelque part cette année sur la Croisette se tournent maintenant du côté de la Semaine de la critique, dont la programmation sera annoncée lundi, et de la Quinzaine des réalisateurs (annonce mardi). Il y aurait au moins un long métrage québécois retenu de ce côté (La nuit, elles dansent d'Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault), peut-être même plus.

Le 64e Festival de Cannes s'ouvrira le 11 mai avec Midnight in Paris de Woody Allen et se poursuivra jusqu'au 22. La composition du jury, présidé par Robert De Niro, sera annoncée ultérieurement.