Hollywood a longtemps été considéré comme la terre de tous les excès. Mais depuis cinq ans, les producteurs font de plus en plus attention aux coûts, n’hésitant pas à annuler des projets jugés trop onéreux. Une évolution imputée à la baisse des ventes de DVD qui ne leur permet plus de compenser les pertes sur grand écran.

Après des années de dépenses colossales pour attirer un maximum de spectateurs dans les salles, les studios américains font désormais profil bas. En cinq ans, le nombre de sorties a été réduit de près d’un tiers chaque année, avec des effets spéciaux, des salaires et des lieux de tournage réduits.

En juillet, deux projets importants ont même été interrompus pour des questions budgétaires. Walt Disney a suspendu The Lone Ranger, avec Johnny Depp. Selon une source proche du dossier, le studio voulait dépenser 200 millions $ alors que le budget de cette superproduction se dirigeait vers les 250 millions $. Universal s’est par ailleurs retiré de The Dark Tower, adaptation cinématographique des romans de Stephen King. Ce retrait serait lié à la reprise du studio par Comcast, selon une autre source.

Le PDG de Disney Bob Iger a justifié en juillet la politique du studio. «Nous avons l’intention de regarder avec attention combien coûtent les films», a-t-il expliqué à des analystes du secteur.

«Si nous ne sommes pas capables de les amener au niveau souhaité, nous pensons qu’il est davantage dans notre intérêt de réduire notre éventail de productions plutôt que de faire des films plus imposants et de plus en plus risqués.»

Cette évolution serait liée à la baisse des ventes de DVD. Jusqu’à récemment, les studios pouvaient se permettre les grosses machines: même si les recettes enregistrées n’atteignaient pas le coût de production, les ventes en DVD permettaient d’éponger les dépenses. Mais selon l’institut américain IHS Screen Digest, ces ventes ont chuté de 10,3 milliards $ en 2004 à 7 milliards $ l’an dernier. Un recul lié à l’essor de la vidéo à la demande et du piratage.

Pour réduire les coûts, certains studios ont abandonné les petits films, avec acteurs «bankables», tout en conservant les blockbusters de l’été basés sur des franchises, comme les super-héros. Cette tendance a entraîné une hausse moyenne des coûts des principaux films de 42 millions $ en 1995 à 78 millions $ en 2011, selon Bruce Nash, président de Nash Information Services, qui gère le site The-Numbers.

Il estime que Hollywood va se reposer sur les concepts qui ont déjà fonctionné par le passé, notamment les suites, plutôt que de prendre des risques avec des projets plus coûteux, comme «Avatar».

Cette nouvelle tendance pourrait favoriser les productions davantage tournées vers l’humain, comme The Help de Kathryn Stockett, adaptation du roman éponyme qui affiche 139 millions $ au box-office depuis sa sortie, pour un coût de production estimé à environ 25 millions $.

C’était la stratégie voulue par l’ancien patron de Disney, Michael Eisner: une série de petits succès, plutôt qu’un gros coup. Car si un grand film permet de gagner beaucoup d’argent, il peut aussi en faire perdre énormément. «C’est simplement plus risqué», a-t-il récemment commenté dans une interview.

Ainsi, Cowboys and Aliens, d’Universal Pictures, affichait un budget estimé à 163 millions $, mais a engrangé 129 millions $ au box-office depuis sa sortie fin juillet. Le studio a vraisemblablement dépensé des dizaines de millions de dollars pour la promotion du film. Même si les ventes à domicile se portent bien, le long-métrage devrait perdre plusieurs millions de dollars.