Enfant de la rue à Kinshasa, la très brouillonne capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Rachel Mwanza est devenue du jour au lendemain une star du cinéma international grâce à son rôle dans le film Rebelle de Kim Nguyen. Aussi fascinante soit-elle, cette histoire n'est pas un conte de fées, soutiennent les documentaristes Hélène Magny et Pierre Migneault dans leur film Rachel, la star aux pieds nus, présenté dans le cadre de Vues d'Afrique. La Presse s'est entretenue avec Mme Magny.

Comment avez-vous connu Rachel?

Je vivais au Congo pour couvrir les élections à la pige (Le Devoir, Radio-Canada) lorsque le plateau de tournage s'est installé. J'y ai rencontré Rachel. Elle sortait de la rue. Au début, elle ressemblait presque à l'Enfant sauvage de François Truffaut. Avant même de la rencontrer, je voulais faire un film sur les enfants de la rue en RDC. Je me suis dit que j'allais raconter leur histoire à travers elle.

Comment s'est déroulé le tournage?

Nous avons tourné durant deux ans avec Rachel. Nos séquences vont d'avant le tournage de Rebelle jusqu'après celui-ci, et même jusqu'après le prix d'interprétation (Ours d'argent) qu'elle a remporté à Berlin. Lorsque l'équipe de tournage est partie, j'ai poursuivi mes entrevues; je suis retournée dans la rue avec elle. Et lorsqu'elle est partie pour Berlin, j'ai passé la dernière journée en sa compagnie. J'essayais de la calmer. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait faire là-bas.

Est-ce que le regard des gens de Kinshasa sur Rachel a changé?

Absolument! Lorsqu'elle est revenue de différents festivals avec des prix, les gens l'ont prise pour une millionnaire. À Kinshasa, il s'agit que tu prennes l'avion pour que les gens croient que tu reviens les poches pleines d'argent. Son retour au Congo ne fut pas exactement un conte de fées. Elle était un objet de convoitise. Au Congo, tout ce qu'on possède se partage. Alors, lorsque Rachel est rentrée, elle a eu une très forte pression sur elle. Elle se sentait responsable d'aider sa famille, mais elle n'avait pas plus d'argent qu'avant!

Elle-même, a-t-elle changé?

Je ne pense pas. Rachel est reconnaissante de la grande chance qu'elle a eue. Elle possède une très grande maturité qui lui vient de la rue.

Votre film est-il en continuité avec vos documentaires précédents?

Absolument. Pierre et moi faisons des sujets coups de coeur. Nous sommes d'anciens journalistes et aimons exposer des problématiques sociales. Ainsi, à travers Rachel, nous avons voulu montrer la pauvreté de l'Afrique.

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Le film sera présenté le 3 mai à 20h (ancien Cinéma ONF) et à 20h30 (Cinémathèque), ainsi que le 4 mai à 18h30 (Cinémathèque). On pourra aussi le voir le 18 mai à 20h sur TV5.