À une semaine de la 86e cérémonie des Oscars, bien malin qui pourra dire lequel, de 12 Years A Slave, Gravity ou American Bluff, repartira avec la statuette du meilleur film, reflet d'un millésime ouvert comme rarement et riche en excellents films.

Après des mois de campagne intensive, de suspense et de remise de trophées divers et variés, Hollywood se prépare à la semaine la plus folle de l'année, qui culminera le 2 mars avec la remise des précieuses statuettes au Dolby Theatre.

Dimanche soir, Hollywood Boulevard sera bouclé pour une semaine, le temps pour les petites mains de l'Académie des Arts et Sciences du Cinéma de construire les gradins, installer les fleurs et les statues géantes, et dérouler le plus long tapis rouge de la saison.

Le week-end et le début de la semaine verront aussi les nommés se lancer dans leurs dernières «opérations séduction» auprès des membres de l'Académie, avant la clôture officielle des votes mardi soir à 17h00 (16h00, heure de Montréal).

Car si la campagne se poursuit jusqu'à la dernière minute, c'est que les jeux sont loin d'être faits.

Le producteur et distributeur Harvey Weinstein, grand spécialiste de la course aux Oscars, déclarait il y a peu au Hollywood Reporter: «Qui peut dire ce qui va se passer ? C'est une année dingue!».

Neuf longs-métrages sont en lice pour le trophée du meilleur film, le plus prestigieux: 12 Years A Slave, Dallas Buyers Club, Capitaine Phillips, Gravity, Philomena, American Bluff, Her, Nebraska et Le loup de Wall Street.

Trois d'entre eux sortent clairement du lot, et aussi différents soient-ils, chacun a de beaux atouts dans sa manche.

12 Years A Slave (neuf nominations), drame historique et édifiant comme en raffolent les Oscars, retrace le destin véridique d'un homme libre enlevé et réduit à l'esclavage pendant 12 ans.

Le film a déjà remporté un Golden Globe, le BAFTA du meilleur film et le Prix du Syndicat américain des producteurs (PGA), ex aequo avec Gravity.

La pochade American Bluff (dix nominations), histoire loufoque mêlant petits escrocs, FBI et politiques corrompus dans les années 70, et prétexte à de formidables numéros d'acteurs, a lui aussi remporté un Golden Globe et décroché une pluie de trophées professionnels pour ses comédiens.

Enfin Gravity (dix nominations), qui décrit avec une virtuosité technique époustouflante l'errance dans l'espace de deux astronautes, a été distingué par la PGA et par six BAFTA, dont celui du meilleur film britannique.

Du côté des comédiens, si Cate Blanchett est toujours la favorite pour l'Oscar de la meilleure actrice, pour Blue Jasmine, la statuette de meilleur acteur sera âprement disputée entre Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club), Chiwetel Ejiofor (12 years a slave) et Leonardo DiCaprio (Le loup de Wall Street).

Même les trophées des seconds rôles, généralement verrouillés plusieurs mois avant la cérémonie, semblent plus ouverts cette année. La Mexicano-kényane Lupita Nyong'o (12 Years A Slave) est certes bien partie, mais elle est talonnée par Jennifer Lawrence (American Bluff), tandis que l'irrésistible June Squibb, 84 ans (Nebraska), ne cesse de monter dans les pronostics.

Le second rôle masculin devrait quant à lui se jouer entre Jared Leto, poignant transsexuel dans Dallas Buyers Club, et Barkhad Abdi, pirate somalien dans «Capitaine Phillips». À moins que Jonah Hill, qui crève l'écran dans Le loup de Wall Street, ne vienne jouer les trouble-fête.

Parmi les quelques grands favoris de la soirée, on citera le Mexicain Alfonso Cuaron pour la réalisation (Gravity), La reine de neiges de Disney pour le film d'animation, et La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino pour le film étranger (Italie).