Les cinéastes Scott Beck et Bryan Woods se connaissent depuis qu’ils ont 11 ans. Pour 65, les scénaristes de A Quiet Place se sont amusés comme lorsqu’ils étaient enfants à créer un monde peuplé de dinosaures, de vaisseaux spatiaux et de gadgets futuristes. Entretien.

PHOTO PATTI PERRET, FOURNIE PAR SONY PICTURES

Adam Driver entouré des réalisateurs et scénaristes de 65, Bryan Woods et Scott Beck

Rêve de jeunesse

« Le 11 juin 1993, ma mère m’a amené au cinéma, car je voulais voir Last Action Hero avec Arnold Schwarznegger. Elle a plutôt choisi Jurassic Park. J’ai été renversé et transformé à jamais, raconte Scott Beck. Comme tous les enfants du monde, nous étions fascinés par les dinosaures et de les voir au grand écran m’a fait réaliser qu’ils ont réellement existé sur notre Terre. C’est ce qu’on cherche à faire vivre de nouveau avec 65. » Le coréalisateur Bryan Woods plonge aussi dans ses souvenirs : « Quand Scott et moi étions enfants, nous faisions des films ensemble avec nos figurines de Jurassic Park, d’Alien et de Star Wars. D’une certaine façon, nous avons rassemblé tous nos jouets pour créer 65, le film qu’on a rêvé de faire toute notre vie. »

Entre superproduction et film d’auteur

« Nous aimons Roland Emmerich, mais nous aimons aussi Terrence Malick, souligne Bryan Woods. Notre film est un peu schizophrène avec sa prémisse inspirée des films de série B et des moments plus intimes qu’on ne voit habituellement pas dans des superproductions. Un instant, nos personnages sont poursuivis par des dinosaures, puis le film s’arrête pour une scène dans laquelle Adam [Driver] siffle et il y a un lien non verbal qui se crée entre eux. Nous aimons autant les films d’auteur que les films popcorn, alors nous avons fait un film popcorn à propos du deuil. » Ainsi, 65 raconte l’histoire d’un vaisseau d’exploration spatiale qui s’est écrasé sur Terre il y a 65 millions d’années. Seules deux personnes ont survécu et leurs chances d’un retour à la maison sont minces.

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Mills (Adam Driver) cherche une façon de rentrer chez lui après s’être écrasé.

Adam Driver

« Le plus important pour Adam est l’authenticité. Il doit y avoir une raison derrière toutes les décisions prises par son personnage. », explique Scott Beck. « De plus, il n’a peur de rien, ajoute Bryan Woods. Nous avons tourné haut en montagne, dans des endroits difficiles et non seulement il nous soutenait dans ces choix, mais les lieux l’inspiraient. S’il pleuvait, la scène se déroulait sous la pluie. Ça ne le dérangeait pas. »

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Mills (Adam Driver) et Koa (Ariana Greenblatt) ne parlent pas la même langue.

Barrière linguistique

« Les passagers du vaisseau d’exploration ont diverses origines, ce qui explique pourquoi Mills (Adam Driver) et Koa (Ariana Greenblatt) ne parlent pas la même langue. Cette barrière linguistique nous permet aussi d’explorer ce que nous appelons le “pure cinema”, indique Scott Beck. Il est possible d’exprimer une multitude d’émotions sans paroles, grâce à la musique, aux mouvements de caméra, aux décors… Nous l’avions fait en écrivant A Quiet Place et nous voulions poursuivre avec 65. Nous aimons aussi beaucoup les films muets de Jacques Tati, de Charlie Chaplin et de Buster Keaton dans lesquels les personnages communiquent uniquement avec leur regard ou leur corps. L’une des raisons pour lesquelles Ariana a décroché le rôle est justement sa capacité à être très expressive sans dire un mot, souligne le coréalisateur. Elle tenait aussi à faire ses cascades, afin de vivre les mêmes choses que son personnage. Comme Adam, elle a ce souci d’authenticité. »

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Bryan Woods et Scott Beck

Duo créatif

« Écrire et tourner ensemble est vraiment un travail collaboratif dans lequel l’un et l’autre se relancent constamment, résume Scott Beck. Par exemple, si j’ai une idée pour le script, je la soumets à Bryan. S’il l’aime, il ajoute son point de vue et nous continuons à bâtir. Puisqu’on se connaît depuis l’âge de 11 ans, on sait assez instinctivement ce que l’autre pense. Si on élabore la même scène séparément, 9 fois sur 10, elle sera assez similaire lorsqu’on en discute ensemble. Ensuite, on s’assure que la meilleure idée est celle qui se retrouve dans le film. »

65 prend l’affiche vendredi.