Top Gun : Maverick a été le film le plus vu dans les cinémas du Québec en 2022 selon le bilan annuel de la firme Cineac, alors que deux longs métrages québécois ont obtenu plus de 1 million de dollars de recettes, soit 23 décembre et Confessions. Si le box-office n’a pas encore repris son élan prépandémique et que les parts de marché du cinéma québécois ont baissé, les distributeurs et propriétaires de salles sont optimistes pour 2023.

Top Gun : Maverick est le film qui a été le plus vu dans les cinémas du Québec en 2022 avec des recettes au box-office de plus de 11 millions de dollars. Il est suivi par Avatar : The Way of Water, toujours à l’affiche, puis par Minions : The Rise of Gru. On trouve ensuite trois films de l’Univers cinématographique Marvel, soit des suites de Thor, Doctor Strange et Black Panther.

Il faut attendre au 18e rang pour trouver un film québécois, 23 décembre. Or, le film écrit par India Desjardins et réalisé par Miryam Bouchard est toujours à l’affiche et il a franchi le cap des 2 millions de dollars au box-office après la nouvelle année.

PHOTO KARINE DUFOUR, FOURNIE PAR IMMINA FILMS

Une scène de 23 décembre

Les parts de marché du cinéma québécois ont baissé de 12,4 % en 2021 à 7,3 % en 2022, mais les revenus bruts sont demeurés stables (autour de 8,9 millions de dollars).

Selon Patrick Roy, anciennement des Films Séville et aujourd’hui à la tête de la maison de distribution Immina Films, il faut se comparer à l’année 2019, soit avant la pandémie, pour avoir un véritable portrait de la situation. Les parts de marché du cinéma québécois en 2019 étaient sensiblement les mêmes qu’en 2022 (soit de 7,6 % en 2019, et de 8,2 % en 2018).

Au début de la pandémie, en 2020 et 2021, rappelle-t-il, moins de films américains ont pris l’affiche par rapport à la normale. C’est pourquoi leurs parts de marché sont passées de 71,7 % à 83,2 % de 2021 à 2022.

Patrick Roy est bien entendu ravi du premier film officiellement distribué par Immina Films, 23 décembre. « Dans un marché qui n’est pas revenu à la normale et qui est encore en récupération, nos attentes étaient un peu plus prudentes. »

Une année de transition

Le box-office global des cinémas du Québec a connu une hausse de 2021 à 2022, passant de 72 202 222 $ à 122 247 436 $, mais l’écart demeure important par rapport à 2019 (176 751 882 $).

Pour Éric Bouchard, coprésident de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec, ce sont enfin « de meilleures nouvelles ». Il souligne que le box-office de la période des Fêtes qui vient de se terminer est sensiblement le même que celui avant la pandémie et rappelle aussi que les salles de cinéma étaient fermées durant les cinq premières semaines de 2022.

Optimiste pour 2023 ? « Complètement ! », lance-t-il.

L’incertitude des studios quant à la sortie de films semble chose du passé.

On commence à avoir de la prévisibilité. Du meilleur est à venir. Cela a tellement été dur.

Éric Bouchard, coprésident de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec

« Reprendre sa place »

Dans son communiqué, Cineac, firme québécoise spécialisée dans la compilation des recettes au box-office, indique que « l’industrie du cinéma québécois a commencé en 2022 à reprendre sa place ».

Outre 23 décembre, seul Confessions de Luc Picard a dépassé le million de dollars au box-office avec des recettes de 1 385 967 $. Les trois autres films québécois les plus vus au cinéma ont été Norbourg, Tu te souviendras de moi et Arlette.

PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LES FILMS OPALE

Luc Picard dans Confessions

Christian Larouche, à la tête de la société de distribution des Films Opale, avait dit à La Presse en décembre dernier se considérer somme toute comme chanceux du succès des films Confessions, Tu te souviendras de moi et Arlette.

Nos films ont pu se débrouiller, mais le public n’est pas revenu en salle comme avant.

Christian Larouche, président des Films Opale

Surtout pour les films qui ne sont pas des mégaproductions américaines, avait-il souligné, en précisant que le même phénomène s’observe aux États-Unis et en France.

Christian Larouche demeure lui aussi optimiste. « J’ai confiance, les gens vont revenir au cinéma. »

Outre le box-office

Dans son rapport annuel, Mediafilm, la boîte qui cote les films de 1 à 7, parle d’une année sous le signe du succès, mais aussi de « l’excellence » et de la « reconnaissance ».

Des films québécois ont rayonné dans des festivals à l’international, dont Babysitter de Monia Chokri à Sundance, Falcon Lake de Charlotte Le Bon à Cannes et Un été comme ça de Denis Côté à Berlin.

Sinon, Viking de Stéphane Lafleur et le documentaire Geographies of Solitude de Jacquelyn Mills sont devenus respectivement les 10e et 11e films québécois à se faire remettre la cote de 2, soit « remarquable ». « Un exploit inédit qui passe à l’histoire », selon Mediafilm.

« C’est la cote la plus haute qu’on peut décerner, précise le rédacteur en chef de Mediafilm, Éric Fourlanty. La cote 1 peut seulement être attribuée après 20 ans. »

Si Viking et Babysitter sont les coups de cœur d’Éric Fourlanty, il vante la grande variété de films québécois sortis en 2022 : comédies, thrillers, documentaires, etc. « La diversité des genres des films est un gage de richesse », fait-il valoir.