She Said relate les évènements entourant l’enquête du New York Times, menée par Jodi Kantor et Megan Twohey, qui a conduit à la chute de Harvey Weinstein. Basé sur l’article ainsi que sur le livre publié par les deux femmes, le long métrage est une incursion dans le long et éprouvant travail des journalistes ayant travaillé sur des enquêtes de l’ère #moiaussi.

Les horribles histoires des victimes de Weinstein sont centrales au film, mais c’est surtout le point de vue de Kantor et de Twohey qui compose l’intrigue. On se rend compte des refus, des hésitations des témoins, des obstacles auxquels elles ont fait face. On voit toute leur détermination, leurs frustrations. On comprend la raison pour laquelle elles font ce qu’elles font : « pour qu’il ne puisse plus faire à d’autres » ce qu’il a déjà fait aux victimes qui se sont confiées à elles.

On réalise qu’elles en font des cauchemars, qu’elles se sentent menacées, qu’elles craignent de ne pas pouvoir offrir à celles qui leur ont fait confiance la justice qu’elles méritent. « J’ai peur que l’on sache tout ce que l’on sait et que l’on finisse par l’emporter dans notre tombe », dit Jodi Kantor (Zoe Kaza) à sa collègue Megan (Carey Mulligan) dans le film. On saisit l’ampleur de leur travail.

Les deux actrices incarnent très bien leur rôle et nous permettent de nous attacher à ces journalistes tout en nous faisant bien comprendre le poids qu’elles portent.

S’il s’agit, bien évidemment, de faits vécus, la touche hollywoodienne de la production vient l’amputer d’un réalisme qui aurait dû être plus appuyé. On ne peut s’empêcher de trouver surfaits certains instants dramatiques. Ce n’est pas que l’horreur décrite doive être minimisée – elle est d’ailleurs plutôt bien dépeinte. Mais certains échanges, certaines réactions, certaines méthodes employées par les journalistes ne collent pas tout à fait, semblent un peu trop gros. Nous ne doutons pas que les scènes se rapprochent de la réalité et nous savons bien que la réalisatrice Maria Schrader assume probablement une légère exagération des faits vécus.

Peut-être est-ce la journaliste en nous qui ne peut s’empêcher de comparer le film à la « vraie vie » des reporters et qui s’attarde à des détails qui n’importent pas tellement. Car outre ces petits hics (qui, au bout du compte, servent tout de même à tenir le spectateur en haleine), tout fonctionne plutôt bien dans She Said.

En salle.

She Said

Drame

She Said

Maria Schrader Drame

Avec Carey Mulligan et Zoe Kazan

2 h 09

7,5/10