Les films de la saga Star Wars ont marqué le cinéma des 45 dernières années, donnant naissance à une véritable armée de passionnés. Nombre d’entre eux se trouvant au Québec, le cinéaste Marc Joly-Corcoran témoigne de leur amour inconditionnel dans son documentaire Que le fan soit avec toi, qui sera projeté samedi soir à la Cinémathèque québécoise.

Que le fan soit avec toi suit Christian « Malgus » Lorin, Steeve Gros-Louis, Jef Bérard et Kim Martineau, pour qui Star Wars est une véritable religion. Touchés dès la petite enfance par les films de la trilogie originale, les protagonistes sont devenus collectionneurs avant de commencer à participer à des costumades, notamment au sein de la garnison québécoise de la Légion 501e, le plus important groupe de reconstitution impériale au monde. « Ça s’est développé de façon assez organique », nous explique le réalisateur Marc Joly-Corcoran.

Dans le cadre de ma thèse de doctorat, je me suis intéressé aux fans et aux fan films. Je voulais savoir comment on est poussé à s’investir autant comme fan dans des activités de création.

Marc Joly-Corcoran, réalisateur

C’est ainsi qu’il est d’abord entré en contact avec Jef et Kim, couple de Blainville amateur de costumades. Lui-même grand amateur de Star Wars, le réalisateur ne voulait surtout pas porter de jugement ni proposer d’hypothèse à propos de la passion du couple. « Je ne voulais pas alimenter les clichés à propos des cosplay où l’on voit des pin-ups sexy ou des hommes en surpoids déguisés en Superman, nous dit Marc Joly-Corcoran en riant. Jef et Kim étaient donc un point de départ idéal ; ils ont des enfants, une hypothèque, tout ce qu’il y a de plus normal, très loin de l’image véhiculée par les médias. »

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Christian « Malgus » Lorin et Steeve Gros-Louis se sont rendus en Tunisie sur les lieux de tournage du film Un nouvel espoir, premier de la saga Star Wars.

Jef a ensuite mis en contact le réalisateur et Christian « Malgus » Lorin, qui devait ensuite se lier d’amitié avec Steeve Gros-Louis pendant le tournage du documentaire. « J’ai commencé à beaucoup suivre Malgus, tout s’est déroulé de manière organique, explique Marc Joly-Corcoran. Même la participation de Steeve s’est faite de façon organique ; ces deux-là se connaissaient, mais j’ai capté à la caméra leur première rencontre où la passion a réellement émergé entre les deux. En fait, Steeve n’était même pas censé être dans le documentaire au départ. Mais c’est devenu rapidement un no-brainer de l’inclure. »

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Jef Bérard, Christian Lorin et Kim Martineau

Jusqu’à Tozeur

Puis une idée a germé : aller en Tunisie. Le film s’achève en effet là où la passion de tout ce beau monde est née, dans le désert de Tozeur, où ont été tournées les premières scènes du film original de George Lucas. « C’était vraiment émouvant de les voir retourner à l’origine de leur passion », affirme le réalisateur qui a déjà tourné un documentaire sur les pèlerinages en Inde.

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Le réalisateur Marc Joly-Corcoran

On a un comportement assez semblable comme créatures religieuses. On a besoin de vivre ces mythes passionnément, à la folie, on a besoin de se raconter ces histoires-là de façon périodique.

Marc Joly-Corcoran, réalisateur

« Mettre les pieds à côté de la maison d’Owen Lars, là où le premier coup de claquette a été donné, ça, j’avoue que c’était spécial, reconnaît Marc Joly-Corcoran. Mais je dois dire que je devais toujours garder mon œil de réalisateur, je n’avais pas de lousse. J’ai vécu ça un peu rough comme fan, j’avoue. Je devais rester alerte tel un cinéaste animalier, tout en voyant les gens triper devant ma caméra. J’aimerais bien y retourner un jour avec ma blonde pour en profiter… »

Pour Marc Joly-Corcoran, il s’agit d’un deuxième projet d’envergure après son film Le miroir, fiction mettant en vedette Normand Daneau, Bénédicte Décary et Lise Roy qui a été récompensée à l’étranger ainsi qu’au Festival de cinéma indépendant de Montréal en 2021. Il sera présent ce samedi pour échanger avec les cinéphiles à la Cinémathèque québécoise, dernière occasion de voir le film en salle, avant qu’il entreprenne sa deuxième vie au petit écran. « Pour l’instant, j’aimerais beaucoup convaincre le distributeur d’y aller avec une sortie physique en Blu-ray, car je crois que des fans et des collectionneurs vont vouloir l’avoir, soutient-il. En 2023, j’imagine que ça va aller en vidéo sur demande, on ne sait pas encore sur quelle plateforme, mais je verrais bien ça sur Netflix ou Amazon Prime. » Nous aussi.