La Presse à la 79^e Mostra de Venise Vus à Venise

La 79^e Mostra de Venise est encore très jeune, mais elle est déjà marquée par quelques propositions cinématographiques très fortes, notamment cet Athena.

Athena : une guerre civile en banlieue

Ce troisième long métrage de Romain Gavras (Le monde est à toi) s’impose grâce à la virtuosité d’une mise en scène constamment sous tension, mais aussi par sa capacité à saisir un état d’esprit pouvant mener à tous les dérapages. Sous la forme d’une tragédie grecque contemporaine, Athena relate le climat de guerre civile qui s’installe dans la cité d’une banlieue parisienne après la mort d’un jeune homme, prétendument abattu à cause d’une bavure policière. On pense évidemment aux Misérables, d’autant que Ladj Ly a participé à l’écriture du scénario d’Athena. Fort de son savoir-faire, Gavras a opté pour une approche immersive qui ne laisse aucun répit au spectateur. Un plan séquence vertigineux, de plus de 10 minutes, ouvre d’ailleurs ce drame explosif. En lice pour le Lion d’or, Athena sera offert en primeur sur Netflix le 23 septembre.

Un couple : la beauté littéraire

Le deuxième film français présenté vendredi en compétition officielle ne pourrait être plus différent d’Athena. Grand documentariste, Frederick Wiseman propose, à 92 ans, un premier long métrage de fiction. Empruntant une approche dépouillée, il dessine le portrait de Sophie Tolstoï, femme de Léon Tolstoï, à travers le scénario qu’a écrit Nathalie Boutefeu, l’unique actrice de ce long métrage. Au cœur d’images de nature magnifiquement filmées, cette dernière livre à la caméra les angoisses et la quête existentielle d’une femme se sentant délaissée par l’homme qu’elle aime. C’est très beau, très littéraire, et l’actrice y est remarquable. Un couple, dont la durée est de 64 minutes, relève cependant davantage de l’essai cinématographique et doit être apprécié à ce titre.