(Venise) On peut être la plus légendaire des actrices d’épouvante et trembler comme une feuille : Jamie Lee Curtis, icône depuis 40 ans du cinéma d’horreur, a livré ses secrets à Venise où elle se voit remettre mercredi soir un Lion d’Or pour sa carrière.

Révélée par le premier des douze films de la série Halloween, Halloween : la nuit des masques, grand classique de l’épouvante réalisé il y a quatre décennies par le maître du genre John Carpenter, Jamie Lee Curtis est à l’affiche du dernier volet, Halloween Kills, présenté hors compétition à Venise.

Cheveux gris coupés courts, sourire discret et silhouette de sportive, l’actrice de 62 ans a de qui tenir : elle est la fille des acteurs Tony Curtis et Janet Leigh, qui meurt à l’écran dans l’une des scènes les plus glaçantes de l’histoire du cinéma, sous la douche de Psycho, d’Alfred Hitchock.

Jamie Lee Curtis, elle, est associée pour toujours au personnage de Laurie Strode, une baby-sitter de la petite ville de Haddonfield, qui sera la seule à survivre à un tueur incontrôlable au masque blanc, Michael Myers.

Un rôle qui est comme une seconde nature, a expliqué la « scream queen » à Venise : « Je crois que ce qui fait mon succès dans ce genre depuis toutes ces années, c’est que je suis facilement et naturellement épouvantée ».

« J’ai facilement peur. Je hais ces films, les déteste, je ne supporte pas d’être effrayée », a-t-elle dit. Mais « si vous cherchez des images de moi enfant, j’ai toujours l’air terrifiée. Sur toutes les photos, on dirait qu’on m’a crié dessus ».

« Je crois que c’est un talent naturel. Cet effroi que vous voyez à l’écran est bien réel, authentique », « il n’y a pas de préparation psychologique », a-t-elle poursuivi en conférence de presse.

« On prend des coups »

Un effroi renforcé lors du tournage par le fait que malgré les seaux d’hémoglobine déversés, dans Halloween, le réalisateur a peu recours aux effets numériques : « Ce sont de vrais gens, dans de vrais lieux, faisant des trucs ultra-flippants ».

Si elle a pu se faire remarquer dans quelques autres rôles, dont Un poisson nommé Wanda (1988), ou À couteaux tirés, le succès cinéma de l’année 2019, Jamie Lee Curtis reconnaît avoir fait aussi « des merdes » dans sa carrière.

Mais Laurie Strode, qu’elle a incarnée six fois à l’écran, reste son rôle le plus iconique, qui a vieilli avec elle.

Après tout ce temps, « qu’on m’appelle Laurie ou Jamie, c’est la même chose. Et le plus excitant quand on a le même rôle pendant 43 ans […], c’est qu’on a évolué ». « C’est la beauté de l’humanité, on change. On prend tous des coups, mais on avance. On peut tous se référer à Laurie, mon personnage. Chacun fait face à ses démons ».

La série avait été relancée en 2018, avec un tout petit budget (10 millions de dollars) et un grand succès (plus de 250 millions de dollars au box-office) par David Gordon Green. Halloween Kills constitue le deuxième volet de ce qui doit désormais être une trilogie.

On y retrouve le tueur fou, toujours aussi incontrôlable, tandis que le scénario veut faire référence au populisme et aux mouvements de masse, avec ses habitants qui ne font plus confiance à la police et se mettent à vouloir se faire justice eux-mêmes.

« Nous voyons tout autour du monde les communautés se mettre en colère contre la machine, contre le système », a relevé l’actrice, assurant que le film était en quelque sorte « prémonitoire ».

Le film sort le 15 octobre au Québec et un troisième volet, Halloween Ends est sur le point d’être tourné.