(Cannes) Un documentaire sur les manifestations qui ont secoué Hong Kong en 2019 et leur répression sera projeté vendredi à Cannes, un film qui prend le risque d’être « libre de toute autocensure », selon son réalisateur hongkongais.

« Le festival est fier de proposer ce film pour montrer un moment important de l’actualité mondiale. Depuis 1946, c’est à la fois la tradition et la vocation de Cannes […] », a déclaré à l’AFP le délégué général du festival Thierry Frémaux. « Nous ne savions rien de son mode de production ni de qui l’a réalisé, mais il nous a passionné d’emblée ».

Intitulé Révolution de notre temps, le film, dont l’équipe est anonyme sauf son réalisateur Kiwi Chow, revient sur les manifestations qui se sont succédé quasi quotidiennement à Hong Kong à partir de juin 2019 pour dénoncer le recul des libertés dans cette cette ex-colonie britannique de 7,5 millions d’habitants et territoire semi-autonome rétrocédé à la Chine en 1997.

Pendant 2 h 30, il plonge au cœur des considérations politiques et tactiques d’un mouvement sans leader, porté par le courage de gens ordinaires et l’initiative individuelle de manifestants, pour certains très jeunes et dont plusieurs témoignent le visage masqué ou flouté.

« Je voulais raconter ce qui nous amène là […] et cela m’a demandé beaucoup d’effort pour retrouver les figures clés des principaux incidents violents », a précisé à l’AFP Kiwi Chow, joint par écrit.

Dans ce flot d’images de batailles rangées et de scènes de barricades, la police de Hong Kong apparaît comme hors de contrôle et d’une brutalité inouïe : souricières, défenestrations, noyades suspectes, tabassages qui alimentent le désespoir et la radicalité de la jeunesse.

C’est un travail « libre de toute autocensure » et « j’espère que le public sentira que c’est un documentaire libre », reprend Kiwi Chong, affirmant avoir travail sans pression, mais « dans l’angoisse et la peur ».

Les manifestations sont désormais presque toutes interdites à Hong Kong où une vaste campagne de répression est orchestrée par le régime chinois.

« Il va falloir vivre avec le fait que ce documentaire ne puisse pas être projeté publiquement à Hong Kong en raison de la pesante surveillance gouvernementale », dit-il aussi dans une note accompagnant le film.

La projection cannoise est « un réconfort pour beaucoup d’habitants de Hong Kong qui vivent dans la peur. Ça montre que ceux qui se battent pour la justice et la liberté sont avec nous », a-t-il remercié.

Parmi les personnes interviewées, « on est sans nouvelle de certaines, d’autres se sont exilées et d’autres purgent des peines de prison », a-t-il précisé.