Notre journaliste a un faible pour les films indépendants et les documentaires qui, souvent, arrivent au Québec après avoir été présentés dans de grands festivals.

LES GARDIENNES DE XAVIER BEAUVOIS (France)

Dans la France rurale de 1915, les hommes sont partis à la guerre et les femmes travaillent aux champs. Peu exploité au cinéma, ce sujet des plus intéressants nous est proposé ici avec beaucoup de retenue, une direction photo splendide et le jeu d'une jeune actrice magnifique, Iris Bry.

CHIEN DE GARDE DE SOPHIE DUPUIS (Québec)

Un premier long métrage en forme de coup de poing. Un mélange d'amour filial exacerbé et de violence mal réprimée traverse cette famille monoparentale dont les deux fils frayent avec la petite criminalité. Un film de fulgurances porté par Théodore Pellerin, Maude Guérin et Jean-Simon Leduc. Sans conteste le meilleur film québécois de l'année.

FOXTROT DE SAMUEL MAOZ (Israël)

Après Lebanon en 2010, le cinéaste israélien brasse encore la cage avec ce film farci de métaphores puissantes pour exposer le conflit israélo-palestinien et dans lequel Israël n'a pas le beau rôle. Images tantôt hyper léchées, tantôt sales et poussiéreuses, cadrages hallucinants, évocation inspirée de l'ennui, tout est bon ici.

YOU WERE NEVER REALLY HERE DE LYNNE RAMSAY (Royaume-Uni et États-Unis)

Le jeu immense de Joaquin Phoenix qui incarne ici Joe, ancien marine et membre du FBI habité de troubles anxieux et d'horribles flash-back remontant à l'enfance, s'ajoute à un scénario haletant et à une mise en scène sulfureuse. Le tout est campé dans un New York glauque et infréquentable.

APRÈS LA GUERRE D'ANITA ZAMBRANO (France, Italie)

Ce film magnifique relate ce qui a pu se passer à la suite de la levée, par Jacques Chirac, de la doctrine Mitterand veillant à protéger les anciens extrémistes de gauche italiens réfugiés de la déportation. À travers une mise en scène notable, des décors naturalistes et de lourds silences, ce film vient nous rappeler que nous sommes toujours responsables de nos actes.

AMERICAN ANIMALS DE BART LAYTON (Royaume-Uni et États-Unis)

Dans un savoureux mélange de scènes fictives et de témoignages réels, ce film revient sur la vraie histoire de quatre jeunes qui tentent de voler des ouvrages originaux de James Audubon dans une université du Kentucky. Images et témoignages se maillent, se télescopent les uns dans les autres pour construire le récit. C'est la version foireuse du film, fictif celui-là, Ocean's Eleven.

PAULINE JULIEN, INTIME ET POLITIQUE DE PASCALE FERLAND (Québec)

Nous désirions avoir un documentaire dans notre recension. Ce sera celui-ci qui, sans être un grand film, est une oeuvre intelligente. Parce que la réalisatrice laisse toute la place à son sujet qui s'exprime à travers quantité d'archives découvertes au terme d'un long processus de recherche. Le côté entier, enjoué et lumineux de la chanteuse éclate dans cette oeuvre.

A STAR IS BORN DE BRADLEY COOPER (États-Unis)

Dans la catégorie grand public, notre choix va à cette première incursion du comédien Bradley Cooper à la réalisation. Un travail non seulement réussi, mais aussi audacieux puisqu'il y avait risque de comparaison avec les versions précédentes de la même histoire. Le mérite de ce succès va aussi à Lady Gaga, diablement efficace devant la caméra.

BORDER D'ALI ABBASI (Suède)

Sans doute la proposition la plus originale vue au cinéma cette année. Ce film suédois met en vedette deux trolls qui cherchent leur place dans le monde des humains dans un décor naturaliste. Une ode à la beauté, à l'amour et à la différence portée par deux acteurs très enlaidis pour incarner leurs personnages.

COLD WAR DE PAWEL PAWLIKOWSKI (Pologne)

Prix de la mise en scène à Cannes et présenté à Cinemania, ce film parle, presque sans le montrer, de l'instauration du régime communiste dans la Pologne de l'après-guerre. On y retrouve deux êtres, lui pianiste, elle chanteuse, dont la vie amoureuse en forme de montagnes russes fait écho à ces changements politiques. Le tournage en noir et blanc et les plans somptueux sont renversants. Le film sort en salle le 11 janvier au Québec.

Photo fournie par Métropole Films

Une scène de Foxtrot, de Samuel Maoz

Photo fournie par Amazon Studios

Judith Roberts et Joaquin Phoenix dans You Were Never Really Here, de Lynne Ramsay