Avant de triompher dans Le prénom, Patrick Bruel a tourné Paris-Manhattan, une comédie romantique dans laquelle il joue avec... Woody Allen!

Patrick Bruel le reconnaît lui-même: il n'est habituellement pas dans l'ordre des choses pour un acteur d'avoir l'occasion de partager quelques scènes avec Woody Allen, qui plus est dans un film français. «Ce n'est dans l'ordre des choses pour personne, à vrai dire! lançait-il au cours d'une rencontre tenue à Paris l'an dernier. Woody Allen se fait très rare devant les caméras maintenant.»

Paris-Manhattan aboutit sur les écrans québécois pratiquement un an après sa sortie en France. Mettant en vedette Alice Taglioni, le film relate le parcours d'une jeune femme dont le statut de célibataire inquiète grandement sa famille. Ne parvenant jamais à trouver l'amour, Alice trouve réconfort à son questionnement existentiel dans les films de Woody Allen. Qu'elle a vus des dizaines de fois. Arrive dans le décor un installateur de systèmes de sécurité (Bruel) qui, bien qu'ignorant pratiquement tout de Woody Allen, tant de l'oeuvre que du personnage, aura l'occasion d'échanger un peu avec celui que sa dulcinée déifie.

«Dans la scène que j'ai tournée avec Woody Allen, je me suis retrouvé à donner la réplique à quelqu'un que j'admire dans la vie, mais que je n'admire pas dans le film, fait remarquer l'acteur. Cela faisait un peu étrange. Mais nous avons eu le temps de bavarder un peu de cinéma ensemble. Il était particulièrement inquiet de la réception qu'allait obtenir Midnight in Paris le mois suivant à Cannes. Aussi, la situation était légèrement tendue, car il fallait mettre en boîte notre scène en une heure. Je ne pouvais pas me permettre de dépasser de beaucoup le temps qui nous était alloué non plus, car je jouais deux représentations de la pièce Le prénom ce soir-là. J'avais quand même avisé les gens au théâtre de la possibilité d'un léger retard. Quand ils m'ont demandé pourquoi, je leur ai simplement dit que je tournais avec Woody Allen!»

Une grande admiratrice

De son côté, l'auteure-cinéaste Sophie Lellouche raconte ainsi son aventure: «Je suis d'abord et avant tout une très grande admiratrice du cinéma de Woody Allen. Mon scénario évoque un peu celui de Tombe les filles et tais-toi (Play it Again, Sam). Dans ce film, le personnage que campe Woody demande conseil à son alter ego Humphrey Bogart. Dans le mien, l'héroïne demande conseil à son idole, Woody Allen!»

Sur la foi d'une interview qu'a accordée un jour le cinéaste, dans laquelle il déplorait que personne ne fasse appel à ses talents d'acteur, Sophie Lellouche a pris son courage à deux mains et s'est rendue à New York. Elle a dans un premier temps déposé son scénario, puis est allée aborder son idole après l'un de ses fameux concerts de clarinette du lundi soir au bar The Carlyle.

«Quand je lui ai parlé, il avait déjà lu le scénario. Et il l'avait aimé!», raconte la réalisatrice en se pinçant encore.

Arrangements furent pris. Allen, qui éprouve une affection particulière pour la France (il refuse toujours de faire doubler ses films au Québec), a tourné ses scènes au mois d'avril 2011, alors qu'il se trouvait dans la Ville lumière pour offrir un concert. Le tournage de Midnight in Paris était alors terminé depuis longtemps. Nous étions d'ailleurs à un mois de l'ouverture du Festival de Cannes. Le célèbre cinéaste a ainsi accordé une heure à la production en fin d'après-midi, peu avant d'aller répéter pour son concert le soir même.

«J'y ai vu un signe, commente Sophie Lellouche. La présence de Woody Allen était tellement indispensable que je m'étais dit que si mes démarches n'aboutissaient pas, je devrais probablement m'orienter vers autre chose. Or, j'ai obtenu son accord. Et tout s'est bien passé. Dans son ensemble, l'expérience de tournage fut au-delà de tout ce dont j'aurais pu rêver. Je crois que je vais continuer à faire des films!»

Paris-Manhattan prend l'affiche le 8 mars. Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.